Lucien le Bail
Yves le Goff 1874-1876
Archives départementales du Finistère :3M426, 427 et 663
Mac-mahon est président de la République depuis mai 1873, pour un mandat qui sera fixé à 7ans.
La loi du 20 janvier 1874 permet au pouvoir central de nommer les maires sans que ceux-ci appartiennent
au conseil municipal. Ce sera le 5 mai 1876 qu'une circulaire ministérielle prescrira le retour
des maires remplacés.
C'est dans ces conditions que Lucien le Bail est remplacé par Yves le Goff de Kerfurunic. Il y a à Plozévet 478 votants. 16 élus sont considérés
favorables au gouvernement et 5 hostiles.
Nommé le 19 février 1874, l'installation de Yves le Goff se fait le 23 février. Christophe Bolzer est nommé adjoint au maire.
Le 11 mars c'est le tour d'Henri Gourlaouen.
En avril le maire propose de nommer un garde-champêtre "dans l'intérêt de la conservation des produits de la terre et le maintien du bon ordre ". Il remplacerait le garde-champêtre Douenne
qui ne remplissait plus son rôle et qui était enfin démissionnaire. Le traitement annuel est fixé à 200 francs.
Pour l'entretien des chemins vicinaux la commune s'impose :
- 3 journées de prestations dont le produit est évalué à 2454 francs
- 5 centimes spéciaux ordinaires : 398 francs
Il faut aussi voter le traitement du second vicaire qui est de 450 francs annuels. Le montant sera partagé entre la commune et la Fabrique.
C'est l'hôpital Saint Athanase qui accueille les aliénés (il s'agit du futur Hôpital Gourmelen). La commune doit subvenir aux besoins de deux indigents et vote la somme de 20 francs.
Les élections, fixées par décret du Président de la République, des membres du conseil municipal ont lieu en novembre 1874. Les républicains l'emportent.
Les élections se passent de façon régulière Yves le Goff écrit au préfet:
Plozévet le 23 novembre 1874
Monsieur le Préfet,
En vous adressant le procès-verbal ci-joint des élections du 22 novembre courant, vous remarquerez que j'ai succombé dans la lutte engagée avec M le Bail moi, ainsi que ses conseillers rayés sur sa liste. J'ai eu la majorité voulue moins 4 voix.
Les choses se sont passées régulièrement, le bureau a été bien tenu, étant surveillé continuellement par Mr le Bail
Quant au 2eme tour de srutin qui doit avoir lieu dimanche 29, pour 4 nouveaux conseillers à élire, je ne me suis pas encore décidé à me mettre sur les rangs.
Agréez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma parfaite considération.
Le maire, le Goff
Yves le Goff se présentera finalement au deuxième tour où il faudra élire 4 conseillers.
427 électeurs se présenteront aux urnes le 29 novembre. Trois membres de la liste de le Bail
seront élus ainsi qu'Yves le Goff. Ce dernier en fera part, le 30 novembre, au Préfet présentant la chose
comme un échec de le Bail :
... Monsieur le Maire a obtenu tous les suffrages sur toutes les listes excepté sur la liste de Mr le Bail et deux voix perdues sur les autres listes.
Ceci est très significatif et démontre clairement que Mr le Maire n'avait d'adversaire à Plozévet que Mr le Bail, lequel, malgré son nombreux personnel
a éprouvé un échec, n'ayant pas réussi à me mettre hors du conseil.
Monsieur le Maire [ici le Bail] arrive à l'instant et me prie de vous dire qu'il ne pourra vous voir avant samedi.
Agréez Monsieur le préfet l'assurance de ma parfaite considération.
Le maire, le Goff
Il est décidé en 1876 que le maire sera élu par le conseil municipal. Les élections doivent avoir lieu en fin d'année.
Le 4 septembre Guillaume le Gourlaouen annonce dans un courrier mettre fin à ses fonctions de secrétaire de mairie.
Il faut se rappeler qu'à cette époque le conseil municipal est républicain
et que l'on peut classer le maire et le secrétaire dans le camp des réactionnaires. D'où des tensions dans le fonctionnement de la Mairie, ce dont se fait l'écho Guillaume Gourlaouen :
Plozévet le 4 septembre 1876
Monsieur le Maire
A partir d'aujourd'hui, 4 septembre 1876, je delaisse mes fonctions de secrétaire de la commune de Plozévet, sans doute à la satisfaction
de quelques-uns.
Je n'ai pas besoin de motiver ma détermination que je n'ai prise vous le savez bien, que par suite des tracasseries qui me sont suscitées
de tous les côtés.
Je fais volontier en cette circonstance le sacrifice de mes intérêts de père de famille.
Je serai toujours votre dévoué et disposé à vous rendre service en toutes occasions.
Je vous serre cordialement la main.
Guillaume Gourlaouen.
Dans la foulée le maire informe que dans ces conditions il ne peut continuer à assurer ses fonctions :
Plozévet 4 septembre 1876
Monsieur le Préfet,
Je vous annonce que je n'ai plus de secrétaire depuis ce matin, comme l'indique la lettre ci-jointe.
Dans ces circonstances, il m'est impossible de tenir la Mairie plus longtemps. Veuillez y remédier s'il est possible.
Agréez Monsieur le Préfet, l'assurance de ma parfaite considération.
Lemaire, le Goff
Le 7 septembre 1876 le Préfet demande
à Yves le Goff de bien vouloir continuer à expédier les affaires courantes dans l'attente de ces élections.
Quimper le 7 septembre 1876
Monsieur le Maire
Vous n'ignorez pas qu'il sera procédé dans un très bref délai à la nomination par les conseils municipaux
des maires et adjoints dans les communes qui ne sont pas chef-lieu de canton.
Les charges de la Mairie en attendant cette époque ne vous occasionnerons pas grand dérangement
puisqu'il s'agirait simplement d'expédier les affaires courantes.
Je suis convaincu du reste que, sur votre demande, votre secrétaire consentirait à continuer de remplir ses fonctions.
Jusqu'à la nomination d'un maire par votre conseil municipal, j'espère donc Monsieur le Maire
que vous ne refuserez pas de prêter votre concours à l'administration pendant les quelques semaines qui nous séparent de l'élection.
A défaut du secrétaire habituel vous pourrez à la rigueur vous faire aider par une autre personne si vos occupations vous empêchaient
de suffire à l'expédition des affaires courantes.
Recevez Monsieur le Maire l'assurance de ma considération distinguée.
Pour le Préfet, le secrétaire général
En octobre 1876 l'élection opposa Lucien le Bail et Yves le Goff. Lucien le Bail l'emporta par 13 voix contre 7 (et une pour Noël le Hénaff).
On comprend le rapport de force qui a existé au sein du conseil pendant le mandat de Yves le Goff du fait de l'opposition
entre les républicains et les réactionnaires.