Charles le Guellec
Allain Srullu 1774-1828
Allain Strullu, le maire dont il est question ici, est né à Lessunus en 1774. Il était le fils d'Allain né en 1750 et de Jeanne Kérourédan.
On l'appelera Allain cadet car il avait déjà un frère prénommé Allain devenu Allain l'ainé.
Jeanne devait mettre au monde 9 enfants dont Allain aîné et Allain cadet.
Les deux frères auront quelques soucis avec la justice durant la Révolution car ils seront portés déserteurs.
Lors de la Révolution les deux Allain seront portés déserteurs, de ce fait leur père sera mis en état d'arrestation à la maison
d'arrêt de Pont-Croix.
Allain Strullu dit Allain cadet, né en 1774 à Lessunus, devait épouser Catherine le Corre en l’an 6. Il est domanier sur des terres qui
sont parmi les plus productives de Plozévet.
On peut rappeler que son père faisait
partie du trio qui s’est cotisé en 1812 pour acheter le nouveau presbytère, l’ancien ayant été vendu comme bien du clergé
pendant la Révolution. S’il y avait dans le conseil municipal de Charles le Guellec un Alain Strullu, il ne s’agit pas de
lui mais d’un homonyme. C'est une habitude courante de donner au fils le prénom du père ou du grand-père. Dans notre cas,
Allain Strullu est le fils d'Allain Strullu et de Jeanne Kerourédant, il est également le frère d'Allain Strullu aîné
et le père d'Allain Louis Strullu. Comme il l'indiquera au Préfet lors de sa prise de fonction :
'Je me permais de vous observer qu'il y a dans cette commune de Plozévet plusieurs Strullu, plusieurs Guellec etc... de même noms de famille et de même prénoms. Pour ne pas s'y tromper je vous mettrai toujours le vilage ou le lieu du domicile ...'
Le français d'Allain Strullu, même si on retrouve quelques fautes d'orthographe dans ses courriers, est beaucoup plus fluide que celui de Charles le Guellec. Il est vrai que près de 40 ans les séparent.
Lui-même cultivateur était accessoirement répartiteur des contributions comme il l’écrira au Préfet
le 29 novembre 1821. Le rôle du répartiteur est, après que le contingent de la commune ait été fixé, de répartir le montant
de l’impôt global entre les contribuables en appliquant des règles supposées être équitables. Le nombre de répartiteurs
des contributions, pour une commune comme Plozévet, est en théorie de 5.
Allain Strullu devient maire alors qu'une épidémie va frapper Plozévet. Pierre Perrot écrit à l'évêché pour
avoir du secours :
Archives diocésaines Quimper série 1P Plozévet
Plozévet le 29 juin 1822
La maladie a repris à Plozévet, de 20 nuits je ne me suis reposé que 2. J'ai à peine le tems de célébrer la sainte messe.
Très souvent j'ai, ou baptême ou enterrement forcés d'attendre 4 à 5 heures mon retour des malades. Je vais nécessairement succomber si votre bonté ne peut
me donner du secours. Je pense qu'en ce moment je suis un des plus nécessiteux.
Je me repose entièrement sur votre coeur vraiment bien paternel. J'adresse des voeux au seigneur pour
votre conservation et vous désire heureux partout bonne fête .....
j'ai l'honneur d'être ....
p:m: Perrot desservant de Plozévet
Monsieur Perrot était non seulement un homme dévoué à ses paroissiens mais aussi ouvert aux idées nouvelles comme l'atteste
l'extrait d'un article du 'Journal de Rouen' de 1820 qui évoquait le rôle de Pierre Perrot
lors d'une tentative de pillage d'une épave (le 'Journal de Rouen') et qui se terminait par:
« Monsieur Perrot joint aux mœurs les plus douces l'esprit tolérant et conciliateur qui seul peut faire aimer et respecter la religion.
Avant d'embrasser l'état ecclésiastique, il exerça avec honneur les fonctions de maire d'une commune rurale [Bourg-Blanc].
Il est aujourd'hui l'un des plus utiles propagateur de la vaccine, et il la pratique souvent lui même (*). »
* En 1820 l'utilisation de la vaccine (maladie de la vache) chez l'homme pour lutter contre la variole est tout récent
puisqu'elle date de la fin du 17ème siècle. [vaccine a donné plus tard vaccination mot qui vient du latin vacca, vache]
Allain Strullu, maire de Plozévet, cela signifie des relations détendues entre la municipalité et le clergé. Dès
le début de son mandat Allain Strullu décide que les registres d'état civil seront signés conjointement par le maire
et le curé.
Pierre Perrot aura également les mains libres pour construire sur les dépendances du presbytère, une maison nouvelle, qui
sera bientôt connue comme la maison Perrot. Cette maison assez spacieuse sera construite avec l'aide des habitants de Plozévet tant en
main d'oeuvre qu'en matériaux. Elle sera construite à l'entrée qui mène au presbytère, sur la gauche, la façade donnant sur le jardin.
Le terrain étant en pente, le rez-de-chaussée est enterrée sur près de deux mètres côté façade. C'est le premier étage de ce bâtiment, dans lequel on pénètre par quelques marches côté jardin,
qui servira bientôt de mairie et de maison d'école. Le grenier sert, comme son nom l'indique, à entreposer les grains, ou les foins, de l'église.
Le moins que l'on puisse dire c'est que la transparence n'a pas régné dans cette
affaire car quelques années plus tard plus personne ne se souviendra qui en est réellement le propriétaire. Ceci génèrera,
comme on le verra, bien des problèmes à l'évêché dans une dizaine d'années.
On retrouve bien plus tard la description de cette maison dans une lettre adressée en 1860 au maire de l'époque.
La maison Perrot en 1860
Les relations sont tellement bonnes que ni le maire ni le recteur ne s'embarrasseront de cette tracasserie administrative
qu'est la gestion du conseil de fabrique. Jusqu'en 1833-34 ce conseil ne se réunira jamais si tant est qu'il ait
existé ! Il ne restera donc aucune trace de la gestion des biens de l'église durant cette période.
Le cimetière et sa source
Au début de son mandat Allain Strullu décide de s'attaquer aux problèmes posés par le cimetière. Ce dernier était comme
souvent situé autour de l'église. Il était d'une dimension insuffisante au vu de la population et du fort taux
de mortalité.
Hignard, percepteur à Pont-Croix possédait une propriété à Plozévet (la maison Kérisit). Cette propriété, la plus belle
maison de Plozévet, avait un jardin qui jouxtait le cimetière. Il avait dès 1815 posé le problème et demandé à ce que
celui-ci soit déplacé. Charles le Guellec sollicité par le Préfet avait à chaque fois répondu laconiquement qu'il n'
y avait pas le choix et qu'on ne pouvait déplacer celui-ci
alors même qu'il y avait de l'autre côté du chemin qui menait à Audierne un terrain appelé Verret nevez, le cimetière neuf.
Quand on fera allusion à ce terrain Charles le Guellec répondra que peut-être des administrés possèdent des droits sur ce terrain
et les choses en resteront là.
Allain Strullu lui décidera, non pas de déplacer le cimetière, mais de l'agrandir en prenant 4 mètres à l'ouest de l'église
sur le terrain vague qui séparait l'église du chemin d'Audierne.
Hignard enverra une pétition au Préfet pour s'opposer au projet dont les travaux ont débuté.
Charles le Guellec s'opposera également au projet, prétextant que lui-même avait des droits sur le terrain vague
que la commune
projetait d'affecter à l'extension du cimetière.
D'autre part la commune voulait démonter le mur existant du cimetière qui était en pierres de tailles. A cette époque le mur
ouest du cimetière était dans le prolongement du mur de l'église. Il avait été, selon certaines sources, construit
plus d'un siècle auparavant. Charles le Guellec prétextera que ce mur était un ornement de l'église et que donc cette démolition n'était
pas possible.
La commune voulait démonter le mur et utiliser les pierres de taille pour réparer l'église et embellir le presbytère. Il était
prévu que le nouveau mur construit 4 mètres plus à l'ouest, le serait en simple maçonne.
Devant l'opposition de Charles le Guellec, Allain Strullu lui répond assez sèchement, en septembre 1821:
Archives départementales Quimper 2O-1476
Strullu maire à Plozévet
A Monsieur le Guellec ancien maire
Monsieur et cher oncle,
Je suis étonné et même sensible à ce qu’à votre âge vous vous êtes permis d’insulter jusqu’à par écrit à
Monsieur le recteur. Vous nous avez fait souffrir pendant quelques années pour nous avoir attiré la disgrâce
de monseigneur et vous voulez encore nous attirer la disgrâce de ses prêtres. Je ne puis vous retourner
vos phrases qu’avec déplaisir.
Le recteur ne veut que le bien général et tous les gens de bien doivent s’en contenter. Vous parlez
d’aplanir le cimetière, il l’a fait autant que possible, mais qu’avez-vous fait du temps de votre mairie
quand le Préfet vous a écrit concernant le cimetière et aujourd’hui vous voulez prétendre que vous avez
droit de vous opposer et que même vous vous opposerez a ce que nous changions de place au mur du cimetière
qui est le meilleur moyen que nous croyons avoir pour satisfaire aux ordres qui vous ont été donnés.
Nous vous attendons pour vos frais. Est-il possible qu’à l’âge de 87 ans on porte l’avarice à tel point.
Vous écrivez que monsieur le curé veut s’emparer de toutes les issues de la paroisse et tout faire à son idée ;
cela monsieur vous reste à prouver et doit vous vous (sic : et dois-je vous ) rappeler ces belles paroles de l’écriture
que nous voyons une paille dans l’œil d’autrui et que nous ne voyons pas une poutre dans le nôtre.
Notre recteur fait tout pour le bien général corporel et spirituel de la paroisse et je suis étonné qu’à
votre âge vous vouliez vous opposer à ses désirs.
Les pierres du cimetière appartiennent aux paroissiens et nous n’en faisons rien que pour le service de
Dieu et pour les paroissiens. Nous n’entendons pas (obstruer ??) le chemin public par notre mur du cimetière
nous ne prendrons que le terrain qui est à nous comme représentant le général de la paroisse(*), pas un pouce
de plus et en cela nous n’insultons à personne.
S’oppose qui a droit ou qui croit avoir droit, nous tenterons d’y faire honneur en y répondant par honête(*).
Je suis avec respect votre neveu
signé :Strullu
* général de paroisse = conseil de fabrique
* par honête : par l'honnêteté, je suppose
Allain Strullu appelle Charles Guellec, "cher oncle"; je n'ai pas trouvé de lien de parenté de ce type, entre les deux hommes.
Peut-être fait-il allusion aux mariages à venir entre ses enfants et un fils et une petite-fille de Charles le Guellec.
En effet, un peu plus tard, le 13 octobre 1823, sa fille Anne Marguerite Strullu épousera un fils de Charles le Guellec, Louis-Allain (futur maire de Plozévet).
Le même jour, son fils Alain-Marie Strullu épouse la petite fille de Charles le Guellec, Marie-Anne (fille de Yves). Les familles ne sont pas fachées !
Charles le Guellec s'empresse, le 8 octobre 1821, de faire suivre cette lettre au Préfet de Chaulieu
Archives départementales Quimper 2O-1476
L’ex maire de Plozévet
A Monsieur le Préfet du Finistère
Des trois signataires de la pétition que nous eûmes l’honneur de vous adresser le 30 septembre dernier contre
le projet de reporter le mur du cimetière de Plozévet de plusieurs mètres sur la voye publique, je suis le plus
intéressé à m’opposer parce que ma propriété est vis à vis dans toute la longueur de l’empiétement qui s’il
avait lieu me porterait un grand préjudice : j’ai d’ailleurs des titres à faire valoir.
Pour prévenir des contestations j’écrivis à Monsieur le desservant pour l’engager à faire arrêter le travail
; il communiqua ma lettre à M le Maire qui très gratuitement la qualifie d’insultante ; elle ne l’est point
je joins ici celle qu’il m’a écrite à cette occasion. Je réfuterai en tems ses assertions déplacées en ce
qui me concerne ; car il doit savoir qu’ayant été maire depuis l’an huit jusqu’à cette année aucune plainte
n’a été portée contre mon administration.
Vous remarquerez Monsieur le Préfet, combien il est inconvenant de la part du maire de trouver mauvais qu’à
l’âge de 87 ans je défende les intérêts de ma famille qui se compose, sans exagération, de cent quarante
enfants et arrières petits-enfants. Je prendrai la liberté de vous adresser mon arbre généalogique avec
prière de le faire mettre sous les yeux de S.E. le ministre de l’Intérieur.
Mon grand âge et ma nombreuse famille me semblaient être des titres a des égards de la part de M le Maire,
du moins à sa justice.
Je me résume Monsieur le Préfet, je demande itérativement qu’il descende un ingénieur pour constater
l’empiètement commencé, entendre mes raisons, et voir mes titres : puis faire un procès-verbal du tout
pour éclairer votre justice et vous mettre dans le cas de prononcer.
J’ai l’honneur de vous saluer avec Respect
Signé le Guellec per
Notes : Si l'on regarde attentivement l'original de la lettre ci-dessus on s'aperçoit que seuls les mots "an 8" et "cent quarante",
ainsi que la signature, sont de la main de Charles le Guellec.
Cette lettre a donc été probablement écrite par M Hignard, puis complètée par l'ancien maire, dans les espaces laissés en blanc.
Nous ne savons pas si le Ministre de l'Intérieur a reçu l'arbre généalogique de Charles le Guellec !
...je demande itérativement... : c'est Charles le Guellec qui est censé écrire cette lettre; or itérativement,
si c'est bien le mot qu'il voulait écrire, fait penser aux nombreuses fois où Hignard à relancé le Préfet sur le sujet du cimetière.
Devant ces récriminations, Allain Strullu va s'expliquer le 9 octobre, dans une longue lettre.
Voici ce qu'il écrit au Préfet, avec un brin d'ironie :
Archives départementales Quimper 2O-1476
A Monsieur le baron de Chaulieu
Préfet du finistere
Monsieur le Préfet,
En réponse de la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire sous la date du 3 de ce mois, je vous dirai d’abord
que j’ai fait suspendre tous les travaux.
Je vais maintenant, Monsieur le Préfet, répondre aux griefs articulés par Messieurs Guellec, Hignard et Manière qui se
proclament en quelque sorte les organes de la commune qui les désavoue, car tout ce qui a été fait et projeté a obtenu
l’assentiment général parce qu’on avait en vue que l’intérêt de tous.
Le prétendu envahissement dont se plaint les pétitionnaires ne nuit à personne ; la voie publique a encore plus qu’une
largeur suffisante. Peut-être sans doute, monsieur le Préfet, eussions nous dû solliciter votre autorisation, mais nous
avons cru que cet objet ne méritait pas de fixer votre attention, et l’intérêt de tous mes administrés me commandait la
mesure que j’ai cru devoir prendre ; il était plus qu’urgent, et cette urgence était aussi de notoriété sous l’administration
de mon prédécesseur, d’étendre le cimetière qui était trop petit et resserré contre l’église ; en reculant le mur de quelques
mètres on a assaini l’air du cimetière et celui de l’église même ; le simple bon sens le dit assez et l’inspection des lieux
le démontrerait évidemment.
Quant aux pierres de taille qui, si l’on en croit les pétitionnaires, ornaient le lit de repos depuis un siècle, nous avons cru
pouvoir transférer cet ornement aux pieds de l’autel qui tombait de vétusté et au lieu de ce mur dont l’existence séculière
annonce assez la dégradation, élever un mur en maçonne tel que ceux qui entourent presque tous les cimetières ; il serait
même à désirer Monsieur le Préfet, que nous puissions disposer de toutes les pierres de taille du cimetière pour faire des
portes, des fenêtres et encoignures au presbytère parce qu’un presbytère est le plus bel ornement d’une commune ; celui-là
ne peut être remplacé par un équivalent et tous ceux qui sont attachés à la religion de leurs pères et qui ont long tems gémi
en voyant notre commune sans prêtre, doivent désirer qu’on puisse enfin loger convenablement celui dont nous avons tant de besoin.
Quant a la fontaine dont parlent les pétitionnaires je serais le premier, Monsieur le Préfet, a en demander la fermeture si je
pouvais croire qu’elle put renfermer des principes de mort : il n’est jamais parvenu a ma connaissance que l’eau de cette fontaine
ait causé à personne la moindre incommodité et la pétition même m’en a offert le moyen de m’en assurer auprès de monsieur
le recteur qui se sert de l’eau de cette fontaine ; les pétitionnaires prétendent cependant que la décomposition des cadavres
surnage sur l’eau dans la chaleur de l’été ; ici j’avouerai mon incapacité pour pouvoir répondre à ce point de fait ;
je ne suis ni physicien ni chimiste ; mais ce que je puis affirmer c’est que mon œil n’a jamais vu cette décomposition
des cadavres surnageant sur l’eau de cette fontaine qui se trouve dans le roc même, ne tarit jamais et est limpide ; au surplus,
Monsieur le Préfet, à Dieu ne plaise que je veuille m’opposer à un examen des eaux de cette fontaine ; j’aime trop mes administrés
pour m’opposer à la fermeture d’une fontaine qui renfermerait des principes de mort et j’ai dû être très étonné que cette fontaine
soit en quelque sorte présentée dans une pétition contre moi.
Voilà, Monsieur le Préfet, les renseignements que je crois devoir vous adresser et j’attends avec confiance la détermination
que vous croirez devoir prendre.
J’ai l’honneur d’être avec respect
Monsieur le Préfet,
Votre très humble et obéissant serviteur.
Le maire de Plozévet. Signé : Strullu
Pierre Perrot est surchargé de travail en cette année 1827. Il demande du secours à l'évêque.
Archives diocésaines Quimper série 1P Plozévet
Monseigneur,
Je pense que j'ai raison d'être chagrin d'être seul prêtre à Plozévet dont la population passe 2200. Il y a déjà
que cette année à Plozévet jusqu'à ce jour 66 baptêmes et 79 enterrements. Arrivant du soir des malades mourants,
je trouve des vivants à baptiser et des morts à enterrer. S'il était donc possible d'avoir du secours au
moins pour cette dernière besogne je me trouverais heureux.
Je me repose absolument pour cet objet sur les bonnes sollicitudes paternelles de votre grandeur dont
j'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect, Monseigneur, le très humble, très dévoué très soumis serviteur.
p:m:perrot prêtre
Plozévet le 29 juin 1827
La vie n'est pas toujours simple pour les prêtres qui travaillent dans des conditions souvent difficiles.
Le prêtre Friant fut affecté à Plozévet pour aider Pierre Perrot, mais n'étant plus chez lui il ne pouvait suivre
le régime que ses maux d'estomac exigeaient.
Ci-dessous son courrier où il parle aussi de la disgrâce dont il a fait l'objet de la part de l'évêché suite
à une dénonciation.
Archives diocésaines Quimper série 1P Plozévet
Plozévet le 28 mai 1828.
Monseigneur,
Je ne saurais vous exprimer combien je souffre de la disgrâce j'ai reçu il y a un an. Cette disgrâce étonne plusieurs
bonnes âmes et moi-même qui en suis malheureusement la victime innocente ; car habitué depuis dix à onze ans à vivre
comme de régime dans mon ménage, bien des choses me gênent de ne pouvoir pas suivre sans déranger une autre maison,
mes petites habitudes que j'étais tenu de pratiquer pour mieux servir Dieu et bien remplir les devoirs de mon état.
Depuis que je me suis trouvé obligé d'abandonner mon petit régime, je suis toujours tellement indisposé que je ne
fais que languir et dépérir Monseigneur, quoique j'ai la volonté de faire le bien et que je l'ai fait partout
par mes instructions avec tout le zèle possible, je suis devenu aujourd'hui au point que l'on ne veut pas je le fasse
dans la dernière même des places car mon dieu loin de moi les sentiments d'orgueil, d'ambition et d'intérêt,
je ne cherche en tout qu'à faire le bien en vue de la gloire de Dieu et le salut des âmes, mais les maux d'estomac, de
poitrine que j'éprouve et qui disparaîtraient si j'étais dans mon petit ménage ne mettent hors d'état de le faire
comme auparavant, oui Monseigneur cette disgrâce a été pour moi et pour ma famille, dont je suis le huitième prêtre,
un coup de couteau aussi sensible que la mort même, laquelle peu s'en est fallu s'en est suivie.
J'avoue Monseigneur que je ne suis ni saint ni savant, mais je ne cesse de faire tous mes efforts pour le devenir
mais je crains que la langueur et le découragement n'y mettent obstacle. Il n'y a que votre bonté paternelle qui puisse y remédier. Mon sort en ce monde est entre vos mains.
Je ne demande pas des éloges, mais en grâce je ne veux pas non plus être décrié ni calomnié jusqu'à la disgrâce.
Dieu m'en préserve par sa grâce toute puissante, je ne cesse de l'en prier, comme aussi de vous prier
de croire que je suis avec la plus profonde vénération, Monseigneur, votre très humble et très soumis
subordonné serviteur.
p le Friant, prêtre.
PS : Cy-joint se trouve le certificat de monsieur Perrot, recteur par lequel on prouve la vérité de ce que je vous ai annoncé par ma lettre. Si j'ai entrepris de vous écrire ce n'est pas pour vous faire entendre que je ne suis pas bien chez M Perrot, je lui en ai de grandes obligations, monsieur Perrot lui-même, ainsi tout bon chrétien plaint ma disgrâce, je pardonne tous mes ennemis, je me plie et je m'humile au pied de la Croix sous le poids disgracieux qui m'a frappé, celui qui m'a abattu et renversé peut me relever et me redresser à sa volonté, monseigneur, mon sort dépend de vos bontés vraiment paternelles. Je reconnais en vous mon père, mon bienfaiteur, mon evêque, mon premier pasteur, par conséquent les pouvoirs de Jésus-Christ malheur à qui en abusent !
Le certificat de M Perrot,
Monseigneur,
J'ai l'honneur de certifier que depuis que monsieur Friant demeure chez moi et sur la paroisse de Plozévet, on en est
généralement content et satisfait, que je n'ai trouvé en lui que les qualités d'un excellent
ecclésiastique et un très bon prêtre et que la dénonciation qui lui a causé sa disgrâce n'a pu être
que l'effet de la méchanceté dont il est devenu la victime innocente. Ce monsieur Friant est d'une
faible complexion et en cela il aurait besoin de suivre un régime qu'il ne peut pas facilement et
exactement suivre ou pratiquer chez les autres. Enfin sa disgrâce a tellement influé sur son tempérament
qu'elle abrège ses jours et qu'elle lui accélère et hâte une mort prochaine. Je laisse en conséquence à qui
de droit de disposer en conscience de son sort, ses jours et sa vie.
pm Perrot prêtre desservant
Plozévet 27 mai 1828
Pierre le Friant, originaire de Pouldergat et né en 1788, sera affecté en 1829 à Pleyben puis à Laz et au Cloitre-Pleyben comme vicaire. Il décédera le
26 avril 1842 à l'âge de 54 ans.
En septembre 1824, Louis XVIII décède dans des conditions particulièrement douloureuses ; son frère Charles X devient roi de France et de Navarre, il a 66 ans.
La maison Perrot
C'est à cette époque que Pierre Perrot décida de faire construire une nouvelle maison sur les dépendances du
presbytère.
Je n'ai pas retrouvé la date exacte de cette construction.
Cette maison composée d'un rez-de-chaussée, d'un premier étage et d'un grenier fut construite sans autorisation officielle et
sans aucun doute avec le consentement du maire. Les habitants furent conviés à aider à la construction en fournissant des matériaux, en charroyant des pierres
et en fournissant de la main d'oeuvre. C'était un moyen habituel d'opérer et cela évitait d'augmenter les impôts.
Il faut se rappeler que le conseil municipal est constitué des notables de la commune et qui font donc partie de ceux qui payent des impôts.
Aucun acte de propriété ne fut établi. Cette maison permettait d'accroitre la surface disponible pour le desservant de la commune.
On dispose néanmoins des plans de la maison Perrot car quelques années plus tard il faudra envisager de la modifier en vue
de boucher les
fenêtres donnant sur le jardin du presbytère. C'est l'ingénieur Chevallier qui en fera dresser les plans.
Comme on peut le voir il n'y a pas de fenêtres côté route d'Audierne et la façade est enterrée jusqu'aux trois quarts de la hauteur
du rez-de-chaussée.
Durant tout le mandat d'Allain Strullu l'établissement du cadastre va se poursuivre. Le registre des délibérations de février
1828 acte que la réalisation du cadastre est terminée. La dernière délibération sur l'établissement de ce cadastre a lieu le 8 juin 1828 et porte sur les 11
moulins de Plozévet. Le plus important est celui de Kersuot devant celui de Brenizennec et de Moulin Conq.
Peu après Allain Strullu tombe gravement malade, et après une longue maladie, il décède en décembre de cette année 1828.
Pierre Perrot, le recteur, va s'activer pour conseiller le Préfet, le Comte César de Castellane, dans le choix du successeur
d'Allain Strullu. C'est Yves le Faucheur qui est finalement désigné.
Pierre Perrot peut respirer ...
Charles le Guellec