Pierre Julien
Guillaume le Berre (1814-1874)

Pierre julien fut donc destitué, les registres de l'état-civil n'ayant pas été remplis pendant les années 1863 et 1864. On peut s'étonner que les adjoints n'aient rien vu et que le secrétaire de mairie ne l'ai pas signalé. Guillaume le Berre qui était précedemment 1er adjoint prit sa place. Il fallut redresser la situation et s'atteler à la tâche.

C'est l'administration qui en fut chargée. Tout rentrait donc dans l'ordre, ce n'était pas une tâche insurmontable. C'est quand l'administration présenta la note que cela fit grincer des dents. Le conseil municipal eut le 3 décembre 1865 à délibérer sur une facture de 820 francs due à Messieurs le juge de paix et greffier du canton de Plogastel st Germain et au greffier du tribunal civil de Quimper, pour le rétablissement des actes de l'état civil de Plozévet omis sur les registres, pour les années 1863 et 1864. La somme était rondelette si l'on songe qu'une journée d'ouvrier était aux environs de 1 francs et que l'horloge dernier cri de la commune avait coûté 900 francs et que la commune faisait en permanence "de grands sacrifices".

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

[le conseil municipal] refuse de faire porter sur les habitants de cette commune une charge aussi lourde ne voulant point du reste, admettre que celle-ci ait à supporter les peines pécuniaires qui résultent d'actes émanés d'un Maire et d'un secrétaire dont il ne leur était pas donné de surveiller les actes de ce genre.

Ce qui laisse perplexe c'est que l'administration n'ait pas lésiné sur la quantité de papier à timbre nécessaire pour remettre à jour les registres. En effet, habituellement il y a 5 ou 6 actes par page. Dans le cas présent l'administration a utilisé au minimum une page par acte pour rétablir la situation. Il ne faut pas s'étonner du montant final de la facture.

On se rappelle que Pierre Julien avait désigné Michel Moris comme officier de l'état-civil, quelques années auparavant. Il est surprenant, qu'au décès de ce dernier, rien ne fut fait pour le remplacer dans cette activité. Le conseil municipal n'est pas tout blanc dans cette affaire, tout le monde savait après tout, que Pierre Julien perdait la vue.

Guillaume le Berre fit donc office de maire de mars 1865 à septembre de la même année, moment où se fit son installation. Un nouveau secrétaire de mairie fut nommé, il s'agissait du sieur Gourlaouen qui faisait tout le travail de mairie depuis le 1er janvier. Guillaume le Berre était cultivateur à Brumphuez, il était agé de 51 ans et était marié à Marie-Anne Quéré. Brumphuez est assez étendu puisqu'à cette époque il est composé de 34 maisons.

Après ces premiers mois vint le temps des élections. Guillaume le Berre pris Pierre le Quéré et Christophe Bolzer comme adjoint, alors que dans un premier temps, par erreur de nom, c'est Nicolas Bolzer qui avait été désigné. Mais comme Nicolas Bolzer était illetré, il avait refusé le poste et démissionné, tout en restant conseiller. Le 17 décembre Christophe Bolzer est installé comme adjoint.

Très vite le nombre d'élèves de l'école avait augmenté. Il devenait nécessaire de modifier la classe. Le conseil municipal décide de couper la salle par des cloisons et de rajouter des tables.

Un tempête avait sévi durant l'hiver 1864-1865 et avait causé des dégâts à la toiture et la commune avait déjà du faire des sacrifices supplémentaires, c'est à dire une augmentation des impôts. Le conseil vote donc 60 francs pour les modifications et réclame au préfet un secours.

Le 30 janvier 1866 l'inspecteur d'académie Delouche envoie son rapport au préfet Richard concernant la maison d'école.

Archives départementales du Finistère 2O 1472

L'Inspecteur d'Académie en résidence à Quimper,

Vu les diverses pièces produites par la commune de Plozévet à l'appui de sa demande d'un secours pour travaux à effectuer dans la maison d'école

Vu le rapport de l'inspecteur primaire

Considérant

1° Que la salle de classe à Plozévet, longueur de 12 mètres, largeur de huit mètres, hauteur 4m10, offre une superficie de 96 mètres carrés, et un volume de 393 mètres cubes 600 ;

2° Que la surveillance est difficile et la discipline presque impossible. Que cet état de chose préjudiciable à la tenue de l'école non moins qu'aux progrès des élèves, compromet aussi la santé des institutrices en les obligeant de parler constamment très haut, pour être entendu de tous les enfants

3° Qu'il peut être remédié à ces graves inconvénients en donnant suite à l'avis du conseil municipal qui propose d'établir au moyen d'une cloison 2 salles distinctes l'une pour l'institutrice titulaire et l'autre pour l'adjointe.

4° Que les objets mentionnés au devis comme manquant pour complément du mobilier scolaire sont nécessaires ; Que de ces objets il a toutefois lieu de déduire 6 tables, un tableau noir et un poêle donné par le département en 1864 et en 1865 ;

5° Que les dépenses évaluées à 360 FRF par le devis, se réduit à 217 FRF, par suite du secours de 143 FRF employé à l'achat des objets ci dessus rappelés ;

6° Que la situation financière de la commune ne permet pas au conseil municipal d'allouer plus de 60 frs et que ainsi, entre les ressources et les dépenses il y a un écart de 157 frs.

Est d'avis que pour le service d'une amélioration d'une urgence incontestable, il soit, sur les fonds du Département, accordé à la commune de Plozévet, une subvention de 157 francs.

l'Inspecteur d'Académie, Delouche

M Deroff démissionne de son poste de receveur d'octroi arguant que le peu d'occupation que lui procure ce poste, ne lui permet pas de nourrir sa famille.

Archives départementales du Finistère 2O 1478

Monsieur le maire, je vous prie de vous rendre immédiatement au Bourg afin de signer ma démission de receveur d'octroi de la commune. Mes occupations à Plozévet ne sont pas assez grandes pour procurer du pain à mes enfants. J'ai l'honneur de vous saluer. Deroff
PS : demain je n'aurai pas le temps ainsi, je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien venir de suite.

Le maire nomme Guillaume Gourlaouen au poste de receveur de l'octroi; il était débitant de tabac et receveur buraliste à Plozévet.

Le préfet fait remarquer au maire que c'est à lui de nommer le receveur d'octroi et non au maire.

Le 20 octobre 1868 l'inspecteur de l'Instruction Publique produit un rapport concernant les classes de la nouvelle école.

Archives départementales du Finistère 2O 1472

extrait du rapport

Maison à la commune, batie à la fin de 1862 et au commencement de 1863. Le mur séparant de la maison, la partie dans laquelle se trouvent les classes et le dortoir, semble lézardé en plusieurs endroits. Le plancher du salon cède sous les pas et semble ne pas tarder à manquer en assez grande partie. Selon la direction du vent, lorsqu'il fait de la pluie, il passe dit-on, beaucoup d'eau par les croisées et dans les chambres des soeurs, dans le dortoir et surtout dans la classe. Il pourrait être bon qu'il fut fait une visite des lieux à l'effet de savoir si l'entrepreneur P[illisible: s'est] acquitté, comme il aurait dû le faire, de ses obligations. Une commission nommée par Monsieur le Préfet pourrait être chargé de cette visite.

M. Le préfet , J'ai l'honneur de vous informer que, conformément à votre lettre du 23 dernier , je me suis rendu hier à Plozévet pour où j’ai sérieusement examiné la maison d'école de concert avec M. Le maire de cette commune et, voici ce que nous avons constaté :

1° Le linteau de la porte de la mairie est cassé, et cette rupture provient nécessairement d’un travail intérieur de la maçonnerie qui n’est pas autrement apparent à l’extérieur. Mais en scellant une barre de fer dans les jambages on consolidera très bien cette pierre.

2° le plancher de la mairie et celui de la salle à manger sont très dégradés : il cède sous les pas à plusieurs endroits et quelques planches se sont même déjà rompues. Cela semble provenir de ce que certaines planches employées n’avaient pas assez d’épaisseur sur les bords et une fois mis en place cela n’était pas apparent. Les autres planchers, même celui de la salle de classe, se sont maintenus en bon état.

3° la plupart des croisés font eaux, dit-on, selon la direction du vent et quand les persiennes ne sont pas fermées : cela provient de ce que le mastic des carreaux est tombé presque partout et que la garniture de chaux faite sous les pièces d’appui ont disparu et n’ont pas été remplacées : les croisés qui laissent passer le plus d’eau sont, m’a-t-on dit, celles de la façade ouest de la salle de classe ; mais ce sont aussi celles qui sont le plus exposées et elles manquent de persiennes ; il serait bon que l’on pût remplacer sur les croisées, car je crois que ce serait le seul moyen d’empêcher l’introduction de l’eau. Du reste, les croisés ont été assez bien exécutées ; elles closent généralement bien et elles ne sont pas déformées. Ce n’est donc que le défaut de garnitures et l’exposition qui sont cause qu’elles font eau si abondamment.

4° le mur séparant la salle de classe de la maison d’habitation est fissuré dans la partie supérieure et deux portes de communication percée dans les murs sont dérangées. Les fissures proviennent de sans doute d’un défaut intérieur dans la maçonnerie. Mais je pense que c’est un travail maintenant arrêté mais ce qui prouve que ce n’est pas bien grave c’est que les encoignures n’ont pas bougé. Toutefois il serait bon de refaire l’enduit dans la partie lézardée. Quant aux deux portes pratiquées dans ce mur, les menuiseries en laissent aujourd’hui beaucoup à désirer. Cela peut bien tenir à ce que leur confection n’a pas été soignée comme elle aurait dû l’être. Mais pour la porte du rez-de-chaussée ouvrant sur la classe on a déplacé dernièrement un tambour qui était appliquée contre la carrée de cette porte si ce déplacement a bien pu contribuer un peu à la dégradation constatée.

5° on m’a assuré aussi que le toit laissait passer quelquefois les eaux pluviales. Mais il n’y manque pas d’ardoise pour le moment et de plus les ardoises son garnies de chaux. Malgré toutes mes recherches, je n’ai pu découvrir sur la face intérieure du plancher de couverture aucune trace du passage de la pluie. A deux reprises, nous a-t-on dit, des portions assez considérables de cette toiture ont été enlevée par la violence de la tempête et c'est probablement à la suite de ces dégradations que la pluie s’est introduite par la toiture.

6° enfin les portes extérieures laissent presque toutes aujourd’hui à désirer. Mais cela tient, je crois, à ce qu’elles sont ouvertes et fermées avec fracas par les élèves qui fréquentent l’école.

Somme toute, je crois, M. Le préfet, que, sauf ce qui en est des planchers intérieurs et peut-être des deux portes pratiquées dans le mur de refend, on ne peut guère faire retomber sur l’entrepreneur les dégradations par nous constatées, car dans toute maison un linteau peut se casser et un mur se fendiller surtout lorsque les maçonneries sont faites avec de l’argile comme à la maison d’école de Plozévet.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'expression de mes sentiments respectueux.

Signé : Boyer

Un peu plus tard le recteur Clévarec fait part lors du conseil de fabrique de l'état de la toiture de l'église paroissiale qui devrait être refaite à neuf. Durant la réunion il est acté que demander une aide à la commune est inutile car cette dernière est déjà endettée. Le recteur Clévarec en février 1869 écrit au préfet pour demander un secours pour la fabrique. Il propose dans la même lettre d'établir à Plozévet une maison de charité arguant qu'il y a à Plozévet beaucoup de malheureux et peut-être plus que partout ailleurs. Le recteur est prêt à donner 15000frs de sa poche pour cette oeuvre à condition que la commune fasse les charrois, l'extraction des pierres et apporte quelque argent et que le Ministre de l'intérieur donne aussi quelque chose. Il précise que l'ancien préfet avait promis 3000 frs pour la construction. Les 15000 frs serviraient à créer une rente de 700 frs pour le fonctionnement de l'établissement. Le recteur Clévarec demande juste d'y avoir une chambre et que son entretien soit pourvu quand il ne pourra plus exercer son ministère. Il craint de son côté l'inertie du maire et de ses conseillers il ajoute qu'il avait déjà eu des difficultés pour l'érection de la maison des soeurs.

Le 8 mars 1869, informé par le préfet, le maire répond qu'il ne doute pas que le conseil n'accepte avec empressement la proposition du recteur Clévarec.

Le préfet recommande au maire de bien définir comment ils vont contribuer aux dépenses que nécessitera l'établissement projeté.

Le conseil municipal se réunit et le 26 mars le maire répond que le conseil a statué que le projet n'est pas réalisable du fait du manque de ressources de la commune.

Le recteur Clévarec réécrit au préfet pour lui faire part de sa déception estimant que le maire à peu d'action sur le conseil et que c'est très facheux pour une commune si considérable. Il se dit très peiné par cette décision et de ne pas avoir été compris.

En juillet 1870 Mr Clévarec demande un deuxième vicaire au vu de la population de la commune (3500hab.). En effet Mr Pellé, son vicaire est souffrant. Les conseillers s'opposent à la venue d'un nouveau vicaire à qui il faudrait fournir un traitement de 250frs à l'année. Certains précisant que si M Pellé n'était pas assez fort il fallait l'envoyer dans une place plus facile et envoyer à Plozévet un vicaire plus vigoureux !

Le 19 juillet 1870 la France déclare la guerre à la Prusse suite à la dépêche d'Ems.

Le 2 septembre 1870, à la bataille de Sedan, Napoléon III capitule. C'est la chute du Second Empire et la proclamation de la III ème République, le 4 du même mois.

Mi-septembre le conseil de recensement de la garde nationale est installé. La moitié des membres de ce conseil est choisie en dehors du conseil municipal et est nommée par le Préfet. Ils réalisent le classement des gardes nationaux sédentaires en 2 catégories. La première concerne les gardes-nationaux valides de 25 à 35 ans et l'autre les gardes nationaux valides de 35 à 50 ans formant la réserve. les gardes nationaux sont ensuites divisés en trois compagnies de 130 gardes chacune. Henri Gourlaouen en est le capitaine adjudant major.

Le 16 septembre 1870 Lucien le Bail est nommé, par arrêté préfectoral, maire de Plozévet et installé le 20.



Pierre Julien