Roland le Bail
Louis Allain le Guellec (1803-1846)

Le préfet avait décidé en cette année 1840 de ne pas renouveler le mandat de Roland le Bail et avait demandé au maire de Plogastel de lui suggérer un nom. Ce dernier avait un dimanche après la messe rencontré quelques personnes. Il avait rapidement rendu son avis au préfet. Il lui semblait que le choix de Louis-Allain le Guellec était le meilleur; c'était un notable de la commune respecté par les habitants. Il était propriétaire du domaine du moulin de Kersuot, acheté pendant la Révolution par son père Charles, et y vivait avec sa femme, ses 6 enfants tous meuniers et quelques domestiques.
Louis-Allain le Guellec était un fils que Charles le Guellec avait eu avec sa quatrième épouse Catherine Kerloch. Né en 1803, il avait donc 37 ans à sa nomination. C'était un parent proche de Jacques le Guellec, le maire qui avait précédé Roland le Bail, puisque Jacques était lui un petit-fils de Charles. Cinq ans les séparaient, Jacques étant né en 1798. Donc Louis-Allain était l'oncle de Jacques, tout en ayant 5 ans de moins que lui. Il était également allié à la famille Strullu, ayant épousé Anne-Marguerite, fille d'un ancien maire Allain Strullu. On sait aussi que Louis-Allain était petit de taille, car on se souvient que son père avait essayé de l'exempter du tirage au sort, en invoquant cette raison, de façon à éviter un départ pour l'armée.

Le 27 octobre Louis-Allain trouve sans problème, un premier adjoint en la personne de Jacques le Guellec et un second en la personne d'Allain le Corre. Sur la liste des conseillers présents lors de la prestation de serment on ne retrouvera pas Roland le Bail.

Création d'un octroi sur les boissons

En janvier 1841, Louis-Allain redemande l'autorisation d'établir un octroi pour la commune de Plozévet. Il prétexte les fortes tempêtes de 1840 qui ont fait beaucoup de dégâts. La réponse du préfet ne tarde pas: il est inutile de demander la mise en place d'un octroi, en effet le gouvernement refuse journellement ce type de demande car la collecte de cet impôt coûte trop cher dans de petites communes. Dans la lettre de Louis-Allain il est précisé que la commune de Plozévet possède 2674 habitants. Ci-dessous le courrier envoyé au préfet par le maire.

Archives départementales 2O 1478

Mairie de Plozévet, Canton de Plogastel

population 2674 habitants

Plozévet le 12 janvier 1841

En examinant le budget de ma commune pour l'année 1841, je remarque qu'il me serait bien nécessaire de créer s'il m'était possible des ressources afin de faire face aux dépenses urgentes qui devront être faite le plus tôt possible, comme par exemple des réparations sur notre mairie et maison d'école, dont les toitures ont été dégradés par les tempêtes de l'année dernière, et nulle somme ne figure dans notre dit budget pour agréer à ces réparations.

Afin de pourvoir, monsieur le préfet, à l'avenir à de pareilles réparations, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien m'autoriser à réunir extraordinairement les conseillers municipaux de ma commune afin de connaître leur décision sur l'établissement d'un octroi dans la commune de Plozévet. Veuillez je vous supplie, monsieur le préfet, m'indiquer en même temps la marche qu'il me serait bon de suivre dans un acte qui sera pour le bien général de la commune.

En agréant aux demandes que j'ai l'honneur de vous faire ci-dessus vous obligerez infiniment celui qui est avec un profond respect, monsieur le préfet, votre très humble et très obéissant serviteur.

le maire de Plozévet

le Guellec

Louis-Allain insiste, dans sa lettre du 17 février 1841, auprès du préfet et avance les raisons, qui selon lui, devraient suffire à convaincre le ministère.

Archives départementales 2O 1478

Plozévet le 17 février 1841,

Monsieur le préfet,

Par votre lettre, en date du 18 janvier, vous m'annoncez que vous regardez comme inutile de solliciter du gouvernement l'établissement de l'octroi à Plozévet attendu qu'il rejette journellement de pareilles demandes, en faisant valoir des considérations générales qui sont basées sur ce que les taxes indirectes n'offrent davantage que dans les grandes communes et nullement dans les petites.

Permettez-moi, Monsieur le préfet, de vous dire qu'il me semble que ces considérations ne peuvent et ne doivent pas s'appliquer à la commune de Plozévet.

La population de Plozévet, il est vrai, est inférieure à 4000 âmes ; mais, je crois que si le gouvernement considérait moins le chiffre de la population de cette commune que le produit réel que l'octroi pourrait y donner, il ne balançerait pas à prendre notre demande en considération. Or, l'octroi à Plozévet donnerait un produit bien supérieur à celui qu'on obtient dans des communes qui ont 5 et même 6000 âmes. Nous avons ici lundi de Trinité, une foire presque aussi importante que la foire d'avril à Quimper. Tous les ans à pareil jour aussi bien qu'au pardon qui se trouve en ville, on peut compter 50 et quelquefois 60 aubergistes de Quimper, de Pont-Croix, et des paroisses voisines, qui y viennent vendre du vin, de l'eau-de-vie.

De plus, le bourg de cette commune est un endroit de passage pour les personnes qui se rendent aux foires et aux marchés de Pont-croix, de Plonéour, de Confort et l'on peut dire que les consommations y sont journalières.

Le receveur des contributions indirectes qui peut être juge compétent dans cette affaire et que j'ai consulté à cet égard m'a assuré que si l'on portait les taxes indirectes à trois francs sur les cidres, à six sur les vins et à douze sur les alcools il en résulterait pour la commune un produit approximatif de deux mille francs. En défalquant le tiers de cette somme pour les frais de perception et le dixième du au gouvernement il resterait toujours un produit considérable. En outre, monsieur le préfet, la création de l'octroi à Plozévet, ne peut pas imposer de frais aux contribuables. Les habitants de cette commune, généralement parlant, font leurs fricots de noce et de baptême à l'auberge ; ils ne sont pas dans l'habitude d'avoir du vin chez eux. Si, à l'époque du carnaval, quelques-uns achètent du vin en cercle, chaque barrique est partagée entre 10, 15 et même 20 individus ; et dès lors la quote part d'un chacun pour les frais d'octroi ne mérite aucune considération. L'établissement de l'octroi ne peut donc être onéreux qu'aux aubergistes dont le nombre augmente tous les jours d'une manière effrayante, et qu'il faudrait au contraire tâcher de diminuer dans l'intérêt de la morale publique.

Quant à l'addition de quelques centimes sur les contributions directes, le conseil municipal a formellement refusé d'y consentir. Cependant, monsieur le préfet, comment parviendrons nous à faire face aux dépenses que nous avons à effectuer. La maison d'école exige d'immenses réparations ; le pignon du sud menace ruine nous nous sommes engagés envers la fabrique à boucher toutes les ouvertures de la sus dite maison donnant sur le jardin du presbytère, et par conséquent à ouvrir de nouvelles ouvertures du côté de la rue. Sans l'octroi que nous ne demandons que pour cinq à dix ans, il nous est impossible de remplir nos obligations envers la fabrique qui nous presse imperieusement.

Voilà, monsieur le préfet, les observations que j'avais à vous soumettre. Veuillez bien me dire ce que vous en pensez.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur le préfet, votre très humble serviteur.

Le maire de Plozévet Le Guellec

Dans cette lettre le maire fait remarquer, que du fait du nombre d'aubergistes et de la consommation de cidre, vin et alcool lors des foires et marchés, l'octroi qu'il propose permettrait de récolter environ 2000 francs par an, ce qui est considérable pour une commune comme Plozévet.

On sait aujourd'hui que l'autorisation d'établir un octroi ne sera donnée que bien des années plus tard.

En Août 1842 M le Guillou se plaint que son traitement ne lui a jamais été payé.

Louis-Allain le Guellec tombe très malade comme il explique, dans un arrêté datant du 21 novembre 1842, en parlant de lui à la 3eme personne :

Archives départementales 2M 85

" ... considérant notre longue maladie et le besoin de suivre un régime ordonné, nous met dans l'impossibilité de vaquer à nos fonctions administratives..."

Il désigne Jacques le Guellec comme maire provisoire pour 5 semaines, c'est-à-dire jusqu'au 1er janvier 1843.

Il y a peu de délibérations du conseil municipal durant cette période; en mai 1843, de nouveau le recteur le Louët rappelle au conseil municipal la promesse faite quelques années plus tôt, concernant les travaux à faire pour isoler la mairie/ maison d'école du presbytère...

Il semble qu'en cette fin de mandat c'est Jacques le Guellec qui ait assuré les responsabilités du mandat de maire, c'est en tout cas ce que laisse entendre le préfet, quand il le nomme en novembre 1843 maire de Plozévet.

Archives départementales 2M 85

6 octobre 1843

M Jacques le Guellec adjoint de la mairie de Plozévet

" J'ai l'intention de vous conférer les fonctions de maire de la commune de Plozévet, rôle que vous remplissez déjà de fait. J'espère que vous accepterez ce témoignage d'estime et de confiance, et je vous serai obligé de m'en donner l'assurance. Je pense que M. Louis Allain le Guellec , maire actuel, consentira à accepter les fonctions de 1er adjoint, qui conviendront mieux à ses habitudes ..."

et Jacques le Guellec redevient officiellement maire de Plozévet ...6 ans après son premier mandat..

Louis-Allain devait décéder fin 1846.



Roland le Bail