Les soeurs de Kermaria à Plozévet
L'origine des soeurs de Kermaria remonte à 1834 avec l'acceptation, par
Mgr de la Motte, de la création d'une nouvelle famille religieuse à Bignan sous la direction d'un jeune prêtre : les Filles de Jésus.
Elles obtinrent la reconnaissance gouvernementale s'engageant à enseigner le français, le 31 octobre 1842.
C'est en 1860 qu'eut lieu l'acquisition d'un "maigre terrain couvert de landes et de bruyères, situé à
quelques centaines de mètres de Locminé", Lann Vraz, d'une contenance de 5 ha.
Cette acquisition fut faite à crédit via une rente viagère de 2000 frs qui s'étala sur ... 30 ans ! La communauté fut donc longtemps endettée. Les religieuses
vont défricher, planter, semer ... pour aboutir à Kermaria. On doit aussi parler des années sombres de
Kermaria entre 1872 et 1883, période pendant laquelle l'abbé Ehanno
fut l'aumonier des religieuses. Sous son emprise certaines sombrèrent dans l'exaltation et une dévotion outrancière.
En 1883, après une enquête, M. Ehanno quitte
Kermaria pour la Trappe de Thymadeuc. (Source "Les filles de Jésus" par le Père René Piacentini (1882-1968) , 1952 )
Les religieuses arrivèrent à Plozévet en 1862. Cette arrivée survint après la construction d'une
nouvelle école qui se situait un peu plus haut que l'église, bâtiments qui devaient devenir plus tard
la mairie et la poste.
Enfin les filles allaient pouvoir accéder à l'instruction.
Voir ici le document d'installation d'une institutrice soeur Marie de la Mésirécorde
Dès fin 1863 on compte 104 élèves.
Archive personnelle Alice Guillou - Michelle Gourret
Ci-dessous les deux premières pages d'un cahier d'écriture d'un élève de l'école des soeurs, Jean Guillou(1860-1930), datant de 1870.
Jean Guillou s'intallera plus tard comme cordonnier, rue d'Audierne :
Bientôt, fin 1871, soeur Marie Scolastique va arriver à Plozévet :
Archives de la Mairie de la commune de Plozévet
Installation de Mme Radegonde Créquer en religion soeur Marie Scolastique comme institutrice publique.
L'an mil huit cent soixante et onze, le vingt cinq octobre, Nous Maire de la commune de Plozévet
Vu la lettre de M. le préfet du Finistère, en date du 14 octobre courant nous informant que par arrêté du même jour,
la Dame Radegonde Créquer, en religion soeur Marie Scolastique, est nommée Institutrice publique de 2eme classe, à Plozévet,
droit à un traitement minimum annuel de 500 francs/
Déclarons que la ditte Dame Radegonde Créquer, en religion soeur Marie Scolastique, est installée
comme institutrice communale de Plozévet.
Fait à Plozévet le jour, mois & an sus dits
Le maire, Lucien le Bail
Lors du recensement de 1872, il y a à Plozévet pas moins de 6 religieuses ainsi que la nièce de la supérieure
qui était alors la Mère Scolastique
agée de 41 ans. Les religieuses étaient toutes originaires du Morbihan.
Ci-dessous l'installation en 1883 de soeur Marie du Carmel
Archives de la Mairie de la commune de Plozévet
Installation de l'institutrice publique
Nous soussigné maire de la commune de Plozévet,
Vu l'arrêté de mr le Préfet, en date du 15 septembre courant et la lettre de Mr l'Inspecteur primaire en date du même jour,
nous informant de la nomination de mme le Clainche, soeur Marie du Carmel en qualité d'institutrice publique, à Plozévet,
Avons procédé ce jour 20 septembre mil huit cent quatre vingt trois à l'installation de Mme le Clainche, Sr Marie du Carmel,
en qualité d'institutrice publique de 4eme classe dans la commune de Plozévet, au traitement minimum de 700 frs.
Fait à Plozévet le jour, mois & an sus dite,
Le maire,
Bientôt la nécessité d'un pensionnat de filles se fit sentir, il aurait permis à des élèves habitant loin du bourg de
bénéficier de l'école :
Archives de la Mairie de la commune de Plozévet
Demande d'ouverture d'un pensionnat de filles dans la commune de Plozévet.
Nous soussigné maire de la commune de Plozévet, canton de Plogastel-saint-Germain, département du Finistère
Certifions qu'aucune observation ni réclamation n'a été faite à ce projet d'ouverture d'un pensionnat
de filles, dans la commune de Plozévet, formé par Mme le Clainche, soeur Marie du Carmel, institutrice publique, à Plozévet,
dans les formes prescrites le 23 août dernier.
Fait en mairie, à Plozévet, le 24 septembre 1883
Le maire,
Les soeurs de Kermaria restèrent à Plozévet jusqu'en 1902. A partir de ce moment différentes lois qui seront votées entraineront
le départ de nombreuses congrégations religieuses dont les Filles de Jésus.
3000 écoles de congrégations seront fermées durant l'été 1902. Emile Combes, qui avait pourtant fait ses
études au petit et grand séminaire se destinant un temps à la prêtrise, sera l'artisan zélé de la mise en application de ces lois.
Les soeurs de Kermaria doivent retourner à leur maison mère et s'exileront par la suite vers le Canada pour continuer leur oeuvre.
Seules 2 religieuses restèrent à Plozévet pour apporter des soins aux malades.
Quelques conseillers municipaux démissionneront pour protester contre cette situation, accusant Georges le Bail de n'avoir pas
tenu ses engagements lors de ses votes :
Je vous adresse ma démission de conseiller municipal de Plozévet
à Plozévet le 22 juillet 1902, René l'Helguen.
La lettre ci-dessous a été reproduite, dans un article concernant G. le Bail et la fermeture d'écoles religieuses,
dans le "Courrier du Finistère"
du 26 juillet 1902.
Plozévet le 23 juillet 1902, Monsieur le Préfet du Finistère
je viens vous adresser ma démission de conseiller municipal de Plozévet.
Nous avons été indignement trompés lors des élections générales par les promesses de M le Bail, constatant que ses votes dans les dernières discussions
par rapport aux fermetures d'écoles religieuses n'ont pas répondu à ses promesses je me refuse à lui ontinuer, au conseil municipal de Plozévet,
un concours qui pourrait être considéré comme une approbation.
Strullu Mathieu, propriétaire à Kerongard Divisquin.
Jacques Bescond 24 juillet 1902
Monsieur le préfet du Finistère, j'adhère entièrement, comme d'ailleurs tous les autres conseillers démissionnaires, à la lettre que vous a adressée
Mathieu Strullu de Kerongard divisquin. Oui nous avons été indignement trompés par les promesses de M. le Bail. C'est pourquoi j'ai l'honneur de vous adresser
ma démission de conseiller municipal de Plozévet.
Monsieur le préfet J'ai l'honneur de vous adresser ma démission de conseiller municipal de Plozévet. Je suis républicain, mais je tiens à protester
contre la loi qu'a suivie Monsieur le Bail,
Jean le Gouill propriétaire à Lessunus, Plozévet. [sans date]
Plozévet le 22 juillet 1902
Monsieur le préfet
je viens vous adresser ma démission de conseiller municipal
Gentric Guillaume propriétaire à Lesneut, Plozévet.
Plozévet le 23 juillet 1902, Monsieur le préfet du Finistère, Monsieur Joseph Bourdon propriétaire à Merros tient à protester contre la politique sectaire
de M le Bail, ne sachant signer il déclare devant les soussignés donner sa démission de conseiller municipal de Plozévet et les
prie de vous l'adresser. Strullu Mathieu conseiller démissionnaire,
Gentric Guillaume conseiller démissionnaire.
de Plozévet.
Plozévet conserva deux religieuses de Kermaria qui restèrent pour apporter des soins aux malades. Georges le Bail fit savoir
que cela était dû à son intervention auprès du ministre.
En 1902 les biens de la congrégation se composaient de la maison mère basée à Kermaria dans le Morbihan et qui représentait une surface de 7ha 75a. Pour ce qui est du Finistère, les religieuses
dirigeaient 17 écoles libres et 13 écoles communales dont celle de Plozévet. (source : 'Courrier du Finistère' du 6 avril 1901.)
Par arrêté du 22 juillet 1903 le préfet du Finistère prononce la laïcisation de l'école des fille de Plozévet.
Georges le Bail est de nouveau accusé de n'avoir pas tenu ses engagements :
Courrier du Finistère' du 15 août 1903
L'école communale tenue par les Filles de Jésus depuis 1863 est laïcisée. On se rappelle qu'avant les dernières élections législatives
M. le Bail assurait que les Soeurs ne partiraient pas de la commune.
Que va dire maintenant l'ancien élève des Filles de Jésus ? le député qui à la Chambre, vote toujours contre religieux et religieuses.
Et son adjoint, le doux Kéravec, qui ne voudrait pas faire de mal à une puce, qu'est ce qu'il pense de cette guerre
faite à des personnes qui ne font que du bien.
On l'aurait maintes fois entendu dire qu'il donnerait sa démission si les Soeurs partaient de Plozévet.
On verra s'il est homme de parole.