Jacques le Guellec 2
Pierre Julien (1806-1876)

Le mandat de Jacques le Guellec venait à peine d'être renouvelé le 13 août que Pierre Julien dut écrire au Citoyen Préfet (nous sommes bien sûr en 1848 !) :

Archives départementales Quimper 3M182

Plozévet le 6 novembre 1848

Citoyen Préfet,

"Je m'empresse de vous donner connaissance de la perte douloureuse que la commune de Plozévet vient de faire dans la personne du Citoyen Jacques le Guellec maire de la dite commune, décédé le 3 novembre courant. C'est pourquoi, Citoyen Préfet, je viens vous demander la marche à suivre pour lui nommer un successeur, car il est tout à fait urgent qu'il soit immédiatement remplacé."

le 1er adjoint maire de Plozévet

Pierre Julien

Jacques le Guellec s'était donc éteint le 3 novembre 1848 peu après sa réélection.

Pierre Julien lui était né le 4 février 1806 à Mengleux et s'était marié avec Marie Strullu, fille de l'ancien maire Allain Strullu, en 1829. Malheureusement cette dernière était prématurément décédée et il était devenu veuf en 1838, c'est à dire seulement 9 ans après son mariage, restant avec 4 jeunes enfants à charge. L'ainé avait 8 ans. Il était de profession cultivateur et domanier ; on pouvait le considérer comme un des notables de la commune, ses terres étant plutôt bien situées.

Il était à cette époque 1er adjoint et c'est naturellement qu'il prit la succession de Jacques le Guellec à la mairie. Il fut d'ailleurs élu largement par le conseil municipal, Alain le Corre sera nommé 1er adjoint et Alain le Quéré second. Nous sommes juste après la Révolution de 1848 et le maire, à cette époque, est élu par le conseil municipal. C'est donc de très long mandats qui commencent, en effet il sera mis fin à ses fonctions en 1865, soit 16 ans plus tard, avec l'affaire, c'est un bien grand mot, des registres de l'état-civil.

Comme on l'a vu précédemment, la commune avait engagé des frais, pour attaquer en justice Michel le Phuez, avant de se désister. Le conseil devra donc voter, en décembre 1848, un crédit de 167,82 fr pour couvrir ces dépenses. La décision avait été prise d'instaurer un cahier des charges pour la perception des droits d'étalage sur le champ de foire de la Trinité.

Lors de la délibération du conseil municipal du 27 mai 1849, le maire fait remarquer que la commune manque d'une horloge :

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

Monsieur le Maire a de nouveau exposé que la commune se trouvait depuis longtemps privée d'une horloge, que cette privation entrainait de très grands inconvénients pour les offices, les dimanches et fêtes et pour l'exécution des règlements concernant la cloture des cabarets à certaines heures, il invite le conseil à délibérer à cet égard.

Il est décidé qu'un montant de 600 francs serait alloué à cet achat, payable en deux ans via la location du champ de foire de la Trinité. Monsieur Carré, horloger à Quimper, se rend à Plozévet à cet effet.

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

Le sieur Carré, horloger à Quimper, appelé à Plozévet à effet de prendre avec lui des arrangements à cet égard a fait observer que la somme de 600frs était insuffisante pour avoir une horloge solide et durable qu'il pouvait bien il est vrai, en céder une pour 600frs mais qu'il était plus avantageux pour la commune d'ajouter 300fr de plus, attendu que pour ce prix il pouvait donner une horloge avec le nouveau système avec garantie.

Monsieur Carré réussit l'exploit de faire faire une dépense supplémentaire de 300 frs à la commune. C'était un rudement bon commercial. 300 frs représente une somme non négligeable que la commune ne pourra rembourser dans les délais. Comment s'y est pris Mr Carré pour convaincre le conseil, en quoi consistait le "nouveau système", cela reste un mystère.

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En septembre 1850 un nouvel instituteur, Charles Deroff, tout frais sorti de l'Ecole Normale, arrive à Plozévet. Il est né en décembre 1831 dans le canton de St Pol de Léon et venait tout juste d'obtenir son brevet de capacité. Il remplace un certain Jadé. Etant trop jeune, n'ayant pas encore 20 ans, il a un poste provisoire.

En fin 1851 c'est le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte.

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

14 avril 1852; à l'ouverture de la séance le Président a exposé au conseil municipal que le port d'Audierne assez rapproché du bourg communal de Plozévet ne pouvait être fréquenté par les habitants de cette commune qu'en faisant de long détours à cause du petit bras de mer qui la sépare de la terre d'Audierne, en conséquence il fait remarquer au conseil que l'établissement d'un pont pour joindre les deux rives est devenu nécessaire et invite le conseil à délibérer sur cet objet. Le conseil après avoir murement délibéré considérant que l'établissement du pont dont il s'agit augmenterait nécessairement la prospérité de la commune puisqu'il lui donnerait la possibilité d'écouler plus facilement ses produits, comme aussi de s'approvisionner des articles que le Cap-Sizun et Audierne peuvent produire et qui manquent à la commune, prie Monsieur le Maire de faire à M. le Préfet une demande relativement à la création du pont dont il s'agit.

En mai 1852, lors du conseil municipal, le maire fait état d'une circulaire du préfet invitant les communes à participer à l'érection d'un monument à la gloire de Denis Papin, l'inventeur de la vapeur (sic). Le conseil ayant pris connaissance de cette circulaire considére que l'insuffisance de ses ressources ne lui permet pas, à regret, de participer à cette souscription.

Toujours en mai 1852, le reste dû à monsieur Carré, dû qui se monte à 300 frs, n'a toujours pas été payé. Il faudra payer des intérêts.

Suite à la loi du 7 juillet 1852, le conseil municipal est entièrement renouvelé. Il y a 706 électeurs dans la commune. Il y a comme nouveau conseiller un certain Guillaume le Berre de Bremphuez, qui dans quelques années, en 1865, sera nommé maire.

En fin 1852 l'Empire est rétabli et la France a un empereur en la personne de Napoléon III.

Séance du 28 novembre 1852 : le conseil dans cette séance émet le voeu que M. le Préfet prenant en considération le résultat des suffrages accordés au plébiscite de son altesse impériale dans la commune de Plozévet (674 suffrages sur 700), daigne solliciter pour elle du gouvernement, qui a toute notre sympathie, un drapeau avec l'emblème impérial.

En novembre 1853 le conseil municipal se plaint de l'incinération du varech que font tant d'habitants de la côte et qui nuit à l'agriculture,

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

"... tant par suite de l'épaisse fumée que parce qu'elle prive la terre d'une partie de l'engrais qui pourrait lui être nécessaire pour sa fertilisation ..."
"... que les abeilles, ne pouvant sortir lorsqu'occupé de cette industrie, à cause de l'odeur infecte qui s'en extrait et que ce travail ayant ordinairement lieu au temps de la floraison, sont par ce seul fait privées de leur nourriture et donnent par conséquent une quantité très minime de miel et de cire."

Le conseil demande son aide au préfet pour solliciter du gouvernement un arrêt de l'incinération du goëmon, au moins provisoirement.

Il y avait auparavant une foire qui se tenait au bourg les 4 avril de chaque année (*). Cette foire avait été abandonnée car à cette date se tenaient également les foires de Douarnenez et de Pont-l'Abbé et de ce fait personne n'y venait. Le conseil souhaite la rétablir en fixant la date au dernier lundi du mois d'avril.

* Il s'agit de la foire qui se tenait sur la fameuse place "publique", en fait propriété de Michel le Phuez

En avril 1854 la maison Perrot revient sur le devant de la scène, les ennuis ne devaient pas cesser et cette maison sera un vrai boulet pour la commune pendant encore 8 ans :

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

Vu le projet de travaux à exécuter pour réparations de la maison d'école communale ainsi que les plans des lieux,

Considérant que la maison dont il s'agit en supposant même qu'on y fasse les réparations mentionnées au dit projet nécessitera une construction nouvelle dans quelques années et que les dépenses qu'exigeront les dites réparations seraient perdues pour la commune, car on se verrait obligé de revenir à une nouvelle imposition pour se procurer les ressources nécessaires pour la reconstruire, est d'avis à l'unanimité, de laisser la maison dans l'état où elle est actuellement à l'exception des réparations les plus nécessaires, à faire un toit jusqu'à qu'elle ne puisse plus servir; et qu'alors on avisera au moyen d'en construire une nouvelle soit sur l'emplacement même avec quelques modifications soit sur un autre emplacement si cela paraîtrait plus favorable. Délibéré séance tenante en mairie à Plozévet les jours, mois et an que dessus par les membres du conseil municipal et les plus forts imposés.

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En janvier 1855 Marie-Anne Gentric se marie, elle a à peine 17 ans. Son père emprunte à le Phuez une somme de 1500 frs pour lui constituer une dot.

En mai 1854 le conseil se préoccupe de l'absence d'un drapeau et d'un buste de Napoléon III, pour être en conformité avec une circulaire du préfet datant de 1852 :

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

Monsieur le Maire a fait ensuite observer que la commune est privée de drapeaux et du buste de l'Empereur Napoléon III; que Monsieur le Préfet dans sa circulaire du 23 avril 1852 a surtout recommandé à toutes les communes l'acquisition du buste de SM l'Empereur et invite le conseil à voter le crédit nécessaire à l'achat des deux emblèmes du gouvernement actuel. Le conseil tout en regrettant de n'avoir pas pu faire droit à la circulaire de Monsieur le Préfet en date du 23 avril 1852 vu que la commune était à cette époque complètement dénuée de ressources, vote à l'unanimité le crédit nécessaire à l'achat d'un drapeau et du buste de SM l'empereur mais ne connaissant pas la valeur de ces deux emblèmes laisse au bon vouloir de monsieur le Préfet de déterminer le crédit et de le répartir conformément au prix coutant tout en manifestant le désir de les posséder dans le plus bref délai possible.

En janvier 1856, Guillaume le Berre est nommé adjoint au maire.

Un peu plus tard, le 25 mai 1856, il est nécessaire de remplacer le sieur Quéré qui a fait l'objet d'une condamnation. Pierre Julien propose en premier Michel Moris, puis Jacques le Dem et Noël Henaff.

Le préfet choisi le Dem car Michel Moris est aubergiste et le préfet craint qu'il n'y ait des conflits d'intérêts, que ce soit pour l'octroi sur les boissons ou le choix de l'heure de fermeture des cabarets. Pierre Julien sait se montrer convaincant : il argumente que cette situation existe dans d'autres communes et il est appuyé par le recteur Cudennec qui soutient le maire dans sa démarche.

Archives départementales Quimper 2M 105

Monsieur le Préfet,

J'ai cru devoir acquiescer aux désirs de Mr le maire dans une partie qui serait, jusqu'à un certain point, étrangère à la mienne. Je me suis reposé d'un coté sur ce que Mr le maire, qui vous adresse respectueusement ses observations, fait le bien dans cette paroisse depuis plusieurs années, d'un autre côté, plus d'une fois j'ai entendu avec délices le voeu, que vous exprimiez, de voir les deux autorités marcher avec ensemble. Fort de cet exemple, très vrai en principe, très sage en pratique, j'appuie de mon faible suffrage Mr le maire pour Moris. Avec Mr le maire je regarde comme urgent d'avoir une autorité au bourg de Plozévet. Le maintien de l'ordre en dépend, par-dessus tout en ce qui concerne les auberges. A cet égard Mr Moris est modèle, et n'aurait, ce me semble, que plus de raisons de l'être. Mr Moris est à mes yeux, pour le pays, un homme très capable. Très bon père de famille - très religieux.

Voilà ce que certifie en toute conscience le soussigné, qui prie M le Préfet, d'agréer ses hommages bien respectueux

Cudennec recteur de Plozévet, 1er juin 1856

La lettre suivante nous laisse entendre que très peu de personnes à Plozévet ont de l'instruction :

Archives départementales Quimper 2M 105

... Monsieur Moris réunit ces deux titres, si tant est que ce soient des titres, quoiqu'il en soit M Moris doit être regardé, de l'aveu même de tous ceux qui lui pourraient être contraires, comme le moins ignorant dans une commune où l'ignorance est si grande et promet d'être grande...

le 3 juin 1856 Michel Moris est installé comme adjoint au maire,

Août 1857 : voir le courrier de Pierre Julien concernant la médaille de Sainte-Hélène

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Lors du conseil municipal de février 1860 le constat effectué, concernant l'état des routes et des édifices publics, est alarmant :

Le Maire a de plus exposé au conseil que la commune de Plozévet, une des plus importantes du canton de Plogastel St Germain par son étendue et sa population, voit cependant ses édifices publics et ses chemins vicinaux dans un délabrement tel que sous ce rapport elle se trouve la dernière commune des environs.

En août 1860 le préfet nomme pour un nouveau mandat Pierre Julien, alors que celui ci avait occupé les fonctions 12 ans déjà. Ce dernier refuse le poste du fait d'infirmités, en l'occurrence une maladie des yeux. Il propose alors Lucien le Bail comme maire.

Archives départementales Quimper 2M 105

"En vous retournant ma nomination je vous propose, Monsieur le préfet, pour me remplacer dans mes fonctions, le sieur le Bail Lucien, notaire, qui par son instruction, et la connaissance qu'il a des affaires de la commune est à même de pouvoir l'administrer mieux que tout autre"

ce à quoi le préfet Charles Richard répond

Archives départementales Quimper 2M 105

"... j'espère bien que cette détermination de votre part n'est pas irrévocable. Vous avez jusqu'ici administré la commune à la satisfaction générale, et l'administration supérieure, comme vos administrés vous verraient avec beaucoup de regrets abandonner vos fonctions. Je vous renvoie votre titre de nomination ..."

Pierre Julien souhaitait sans-doute réellement mettre fin à ses fonctions mais sur l'insistance du préfet il accepte de partir sur un nouveau mandat qui est à cette époque porté à 5 ans. Le 18 août il est installé comme maire.

Le 10 septembre 1860, le sieur Charles Deroff du bourg et ancien instituteur et receveur buraliste des contributions indirectes devient de plus percepteur de l'octroi. Cette activité rapporte 5 francs par mois. Le sieur Deroff est quelqu'un de faible constitution, qui aura beaucoup de mal à supporter des conditions de vie très dure. Il essaie par tous les moyens de se sortir de sa situation. On le reverra un peu plus tard ...

note 1 : Charles Deroff était arrivé, en 1850 dans la commune comme instituteur et du fait de "la faiblesse de sa constitution " changera d'activité pour devenir cabaretier/receveur d'octroi. Charles s'est marié en 1853 avec Marie Jeanne Guillou. Ils auront 6 enfants dont 3 décèderont en bas âge. Marie-Jeanne, son épouse, est décédée en 1865. En 1866 il est installé au bourg comme cabaretier, il a 3 enfants, Marie-Marguerite, Henriette et Charles-Marie.En janvier 1867 il démissionnera de son poste par une lettre qui en dit long sur sa situation matérielle :

Archives départementales Quimper 2O 1478 Octroi

"Monsieur le maire, je vous prie de venir immédiatement au bourg pour signer ma démission de receveur d'octroi de la commune. Mes occupations à Plozévet ne sont pas assez grandes pour donner du pain à mes enfants ..."

Charles Deroff décèdera le 7 décembre 1867, il allait avoir 36 ans.

Dans une lettre au préfet, écrite le 8 novembre 1860, le recteur Clévarec défend le projet de remplacer l'instituteur par des soeurs. Il dresse un état des moeurs à Plozévet assez terrible surtout pour la femme.

Archives départementales Quimper 2O 1472

M. Le préfet

Permettez-moi de vous témoigner ma juste reconnaissance pour le secours que vous avez bien voulu nous accorder pour la toiture notre Eglise.

J’ose encore aujourd’hui faire un nouvel appel à votre bienveillance pour une œuvre d’une plus haute importance, c’est relativement à une maison d’école que la commune voudrait bâtir ; mais comme l’école dirigée depuis plusieurs années par un instituteur n’a pas jusqu’à présent de résultats, toute la population fait des vœux en faveur de deux sœurs de charité, une pour une école mixte et une autre pour voir les malades indigents. Je crois qu’une école dirigée par une sœur de charité serait un avantage appréciable surtout pour l’instruction des petites filles qui sont aujourd’hui totalement abandonnées or cet abandon et cette ignorance sont la principale cause de la démoralisation(*) chez la femme. Il est à votre connaissance sans doute M. Le préfet que la femme à Plozévet est beaucoup plus désordonnée que l’homme et plus que lui peut-être, livrée au vice dégradant de l’ivrognerie ; or ce vice surtout chez la femme mène directement à l’immoralité et à des désordres sans nombre. Par suite de cette démoralisation l’éducation des enfants est totalement négligée, les ménages sont en désordre et par suite de ce malaise qui pèse sur presque toute la population. Je vois donc M. Le préfet que le moyen le plus efficace de moraliser peu à peu cette malheureuse population, ce serait de commencer par la femme et lui donner de bonne heure des principes de modestie et d’économie.

Je vois aussi qu’une sœur pour voir les malades indigents serait une ressource précieuse et d’autant plus précieuse qu’il y a à Plozévet un très grand nombre d’indigents qui ne peuvent jamais avoir la visite du médecin et par ailleurs ceux qui les entourent ne savent même pas leur faire un peu de tisane. C’est à ne pas y croire combien ces pauvres malades sont délaissés. Une autre plaie existe à Plozévet, outre un assez grand nombre de mendiants, il existe un assez grand nombre voisins de la mendicité ; la soude n’a que manquer une année et voilà 4 à 500 pauvres de plus. Or à l’aide d’une sœur dévouée nous pourrions établir plus tard un bureau de bienfaisance pour venir en aide à ces familles nécessiteuses, du moins pour pouvoir utiliser ces bras, des terrains à défricher ne manquent pas à Plozévet. Je crois que la partie aisée de la population ne manquerait pas de dévouement pour une pareille œuvre si vous pouvez une bonne fois lui donner une bonne direction.

Mais hélas M. Le préfet, les ressources nous manquent ! Il y a bien l’ancienne maison d’école que l’on pourrait vendre à peu près 4000 FRF. J’ai aussi un peu de patrimoine dont je ferai volontiers le sacrifice pour aider à si bonne œuvre ; mais toutes ces sommes réunies ne suffiraient pas encore. Une maison convenable nous coûterait de 8 à 9000 francs, un mobilier strictement indispensable de 10 à 1200 francs, plus une somme de placée pour parer aux éventualités. Nous avons il est vrai un terrain, à moins que M. Hignard de Pont-croix ne nous suscite des difficultés ; nous aurions dans la bonne volonté des paroissiens les pierres et les charrois. Mgr que j’ai consulté à cet égard est d’avis que les 600 FRF donné à l’institutrice soient consacrés à la pension des deux sœurs. L’année dernière à Land[ illisible :udec ?] j’ai eu l’honneur de vous demander votre avis relativement à cette affaire, et vous avez eu la bonté de me dire que pour une pareille œuvre vous pouviez mettre à la disposition de la commune de 4 à 5000 francs. Cette somme est très importante mais je crains qu’elle ne suffise pas. Ici M. Le préfet, je fais humblement un appel à votre grande générosité et soyez persuadé qu’elle n’aura jamais été mieux placée car je ne crois pas que vous ayez dans votre département des administrés qui aient un plus grand besoin de votre bienveillance. Ayez l’extrême bonté M. Le préfet, de nous aider, et nous ferons ce qu’il sera possible. J’ai pris la liberté de vous écrire moi-même car je sais que l’administration compte beaucoup sur mon concours ; j’aurais l’honneur M. Le préfet de vous voir sous peu. Veuillez agréer M. Le préfet les sentiments très respectueux de votre très humble serviteur.

Clévarec recteur Plozévet le 8 novembre 1860

Le conseil municipal va donc enfin s'attaquer sérieusement à un sujet qui lui tient à coeur, la construction d'une maison d'école mixte. Ce serait la première fois que les filles pourraient accéder à l'instruction. On se rappelle que le préfet Boullé avait promis de faire tout son possible pour que le projet d'une nouvelle école aboutisse. Mais était venu alors se greffer la-dessus la Révolution de 1848.

Dans sa délibération du 10 janvier 1861 Pierre Julien expose les raisons pour lesquelles il est nécessaire de construire une maison d'école mixte.

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

A l'ouverture de la séance M. le Maire a donné lecture d'une lettre de Monsieur le Préfet par laquelle ce magistrat l'autorise à se réunir, de donner son avis sur la nécessité de la construction d'une nouvelle maison d'école.

Il lui a de plus exposé que par une lettre du 23 juillet 1860, M. le Préfet engage la commune de Plozévet de faire construire une nouvelle maison d'école pour la raison que celle qui existe n'est plus propre à sa destination. Il ajoute que monsieur l'Inspecteur des écoles, à plusieurs reprises, a condamné et qu'il juge que la dépense faite pour la réparer serait inutile. Le Maire expose, qu'au lieu de proposer de bâtir une maison pour les garçons seulement, il est d'avis que l'on bâtisse une ??? pour une école mixte dirigée par une soeur de charité.

1° Parce que c'est là, depuis longtemps le voeu de la plus grande partie de la population

2° Parce que l'école des garçons n'a jamais eu de résultats à Plozévet malgré la bonne volonté de l'instituteur, malgré le zèle qu'on a déployé pour stimuler les pères de famille, malgré les encouragements donnés aux pères et aux enfants.

3° Parce que les petites filles sont toutes vouées à l'ignorance et que par suite de cette ignorance les ménages sont très mal gouvernés, les enfants étant sans éducation ni principes religieux, et que ce qui est surtout déplorable est que la femme à Plozévet est livrée plus que l'homme au vice dégradant de l'ivrognerie qui est suivi toujours de mauvaises moeurs.

4° Par la raison que Plozévet, malgré le chiffre de sa population, ne donnerait pas un nombre trop grand d'élève des deux sexes pour alimenter une seule école, du moins pour quelques années; que si par ailleurs le goût de l'instruction venait à naître, on aviserait plus tard aux moyens d'avoir deux écoles;

5°Que cette nouvelle construction ouvrirait ????à une soeur pour l'école et à une deuzième soeur pour visiter les malades indigents; tous savent qu'à Plozévet il y a un très grand nombre de pauvres et un grand nombre de familles qui ne vivent que de la côte et ces familles n'ont pas les ressources nécessaires pour payer les visites du médecin ; qu'une soeur de charité les visiterait en cas de maladie et.... beaucoup à l'administration à créer un bureau de bienfaisance qui viendrait en aide à ces familles quand les produits de la côte viendraient à manquer.

Le conseil ouï l'exposé ci-dessus, adopte à l'unanimité le projet de construction d'une maison d'école mais seulement dans le cas où la commune serait autorisée à ouvrir une école mixte tenue par des soeurs et dans ce cas à vendre la maison actuelle pour aider dans la dépense de la construction nouvelle.

En conséquence le conseil demande à M. le Préfet de vouloir bien prendre en considération la demande qu'il renouvelle aujourd'hui a l'effet d'obtenir cette école mixte; la premièe instruction à donner aux garçons n'en souffrirait point, celle à donner aux filles y gagnerait sous tous les rapports. D'un autre côté bien des malades trouveraient chez ces soeurs des soins et des secours qui leur manquent très souvent.

On notera l'espoir formulé par Pierre Julien : "...que si par ailleurs le goût de l'instruction venait à naître,...

Sous la présidence de Michel Moris le conseil municipal se réunit le 13 février 1861. On y parle du montant de la rétribution scolaire de 1862, des coûts de perception de l'octroi en 1860, de l'achat de quatre feuilles de timbre pour l'état civil. Le conseil de fabrique réclame également un secours pour réparer le toit de l'église.

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

Le conseil ouï l'exposé ci-dessus considérant que la demande de la fabrique est fondée, attendu que ses ressources sont très bornées et que les réparations projetées sont tellement urgentes que si on les néglige on s'expose à voir tout le toit tomber en ruine car la partie restant à faire est pourrie, vote à l'unanimité, pour être prélevé sur les ressources ordinaires de la commune, une somme de cent francs destinée à venir en aide à la fabrique, est de plus unanime à prier M. le Préfet de venir en aide à la commune en accordant sur les fonds départementaux, un secours à la fabrique de Plozévet afin que l'on puisse, au moins cette année, mettre l'église paroissiale dans un état passable de réparations.

Le conseil va ensuite délibérer sur la demande, par l'Inspection d'Académie, de la construction d'une maison de 550 élèves. Demande qui parait exorbitante :

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

24 mars 1861

A l'ouverture de la séance Mr le Président donne lecture au conseil d'un rapport adressé le 27 février dernier par M l'Inspecteur d'académie à M le Préfet et que ce magistrat a transmis au Maire par lettre du  11 mars.

D'après ce rapport Mr l'inspecteur parait  disposé à appuyer la demande formée par le conseil municipal d'être autorisé à remplacer par une école mixte dirigée par des soeurs, l'école actuelle de garçon pourvu que de son côté, ce conseil consente à construire une maison assez vaste pour recevoir tous les enfants de cinq à treize ans qui sont en âge de fréquenter les écoles et qui à Plozévet donne un  total de 550 élèves. Le Président invite le Conseil à délibérer.

le Conseil ouï la lecture du rapport de M l'Inspecteur a unanimement reconnu l'impossibilité où se trouve la commune de faire face à une dépense qu'exigerait la construction d'une maison de la dimension demandée et en même temps il en reconnaît l'inutilité par les raisons:

1° Qu'il est à la connaissance de tous les administrateurs et de MM les Inspecteurs des écoles en particulier qu'aucune commune rurale, même celles dont l'instruction est le plus en honneur, n'envoie en même temps, le quart de ses enfants de 5 à 13 ans à l'école.

2° Qu'un tiers de la population de Plozévet se trouve éloigné de 6 kilomètres du chef-lieu, trajet beaucoup trop long à faire journellement par des enfants, et encore cette portion de la commune ne communique avec le Bourg que par des chemins excessivement mauvais. Il y aurait donc imprudence à laisser ainsi voyager des enfants de 7, 8 et même 9 ans.

3° Que les terres de Plozévet surtout celles qui avoisinent la grève (partie de la commune qui pourrait sans cela envoyer un grand nombre d'enfants à l'école), sont toutes dépourvues de clôtures, ce qui exige la présence des enfants pour garder les bateaux.

4° Que la récolte de Plozévet consiste principalement en de la jeune culture qui exige de grands soins surtout en été, temps cependant le plus favorable à la fréquentation des écoles et pendant lesquels les plus grands enfants sont employés au sarclage.

5° Que la majorité de la population se compose de domaniers qui, ayant des fermes énormes à payer et ne pouvant pas se payer de domestiques, emploient leurs enfants aux travaux des champs dès qu'ils sont aptes à faire quelque chose.

6° Que la femme surtout en hiver n'est que très rarement occupée aux travaux du dehors , ce qui fait que les jeunes garçons y sont utilisés le plus tôt possible.

7° Qu'une grande partie de la population vit des produits de la côte, et la préparation de la soude exige un grand nombre de bras pour ramasser, sécher et brûler le goëmon, les enfants y sont employés comme les grandes personnes.

8° Qu'il est reconnu par toutes les autorités que depuis sa création l'école de Plozévet n'a jamais compté un aussi grand nombre d'élèves qu'aujourd'hui, quoiqu'elle ne soit pas encore fréquentée par 40 garçons.

Après avoir bien pesé toutes ces raisons, le Conseil dit qu'une construction pouvant contenir le nombre d'enfants dont parle Mr l'Inspecteur ne serait qu'une grande charge pour la commune; et il est persuadé, d'après la connaissance intime des lieux, des ressources, du peu de goût des habitants pour l'instruction de leurs enfants, qu'une salle qui serait assez vaste pour recevoir de 80 à 100 enfants serait plus que suffisante, pour les enfants des deux sexes qui se rendraient à l'école, au moins pendant plusieurs années. Il est tout disposé à faire des sacrifices si l'administration avait la bonté d'entrer dans ses vues qui selon lui sont très bonnes, car parmi les considérations qui le portent à demander l'établissement d'une école mixte il n'envisage qu'une notable amélioration dans les moeurs et les habitudes des habitants à l'aide d'une bonne éducation donnée surtout  aux petites filles qui seront appelées plus tard à être les premières institutrices de leurs enfants.

Le conseil ajoute, comme dans sa délibération du dix janvier dernier que si plus tard le nombre d'enfants qui fréquentent l'école communale devenait trop considérable il souscrirait volontiers pour la construction d'une maison d'école spéciale de garçon.

En terminant le Conseil espère que l'Administration et les autorités préposées à l'instruction publique voudront bien prendre en grande considération la demande qu'il a l'honneur de renouveler en faveur d'une population qui au vu de tout le monde est très arriérée sans le support de l'instruction, notamment des femmes dont très peu savent lire. Fait et délibéré ....

De nouveau il est fait allusion "du peu de goût des habitants pour l'instruction de leurs enfants" nouvelle allusion : "en faveur d'une population qui au vu de tout le monde est très arriérée sans le support de l'instruction, notamment des femmes dont très peu savent lire"

Délibérations du conseil municipal de Plozévet, Archives de la mairie

18 août 1861

A l'ouverture de la séance M. le Maire, Président de l'assemblée a mis sous les yeux du conseil une lettre de Monsieur le Préfet du finistère accompagnée d'une note s'élevant à 40,80frs, montant des honoraires de M l'Architecte de Quimper pour un voyage à Plozévet pour examiner la maison d'école et rédaction d'un rapport sur l'état de cette maison et d'un devis des réparations urgentes à y faire, en l'invitant en même temps à voter le crédit nécessaire au paiement de cette note.

le conseil ouï l'exposé de M le Maire et vu les pièces présentées, vote à l'unanimité un crédit supplémentaire de 40,80frs qui sera pris sur les revenus ordinaires de la commune pour être payé à M l'Architecte de Quimper pour l'objet dont il s'agit.

Fait à Plozévet ....

Pierre Julien a des problèmes de vue et décide de déléguer officiellement certaines tâches. Le 6 mars 1861, Michel Moris est nommé officier de l'état civil de Plozévet.

Le 4 mai 1861, le maire (en fait Moris) écrit au préfet en insistant sur le fait qu'une école pour 550 élèves n'est pas justifiée, ni à Plozévet ni dans d'autres communes rurales. La directive du ministère de l'Instruction Publique qui détermine la taille de l'école pour une population donnée n'est ici pas applicable. L'école actuelle, qui est l'ex maison Perrot, n'accueille au mieux que 40 élèves. Même si l'école devient mixte, on est loin du compte. Il prie le préfet de bien vouloir aplanir les difficultés qu'il rencontre dans la construction de cette école. Dans le même temps le recteur Clévarec, qui a beaucoup oeuvré pour cette construction, sollicite l'aide de l'évêché : Consulter la lettre de M Clévarec

En octobre 1861 le conseil municipal décide d'aliéner l'ancienne école (ex maison Perrot)

La commune disposerait donc des sommes suivantes :

Ressources disponibles pour la construction d'une nouvelle école
Ressources disponibles en caisse 1274,58 frs
Somme fournie par une personne charitable 2000frs
produit de la vente de l'ancienne école 2400frs
Total 5674,58frs

Le 23 janvier 1862 l'Inspection académique du Finistère donne son aval :

Archives départementales Quimper 2O 1472

Académie de Rennes, Inspection du Finistère

Quimper le 23 janvier 1862

Monsieur le Préfet

J’ai l’honneur de vous faire retour du dossier concernant la construction d’une maison de l’école à Plozévet, et je joins à ce dossier l’avis de M. l'Inspecteur primaire

La dépense à faire pour cette construction est évaluée à 15 225 FRF

Les ressources destinées à y subvenir s’élève à 10 137,55 francs

Restera à couvrir les dépenses de 5087,45 FRF

Je suis d’avis, avec M. l’Inspecteur primaire, que cette somme soit accordée, à titre de secours, à la commune précitée, tant sur les fonds de l’Etat que sur ceux du département.

Le plan présenté offre une classe disposée pour 96 élèves ; je pense, avec M. L’inspecteur, que ses dimensions seront suffisantes, attendu que les distances qui séparent les villages du bourg sont tellement considérables qu’il n’est pas permis d’espérer de voir l’école fréquentée par un nombre d’élèves supérieur aux chiffres précités.

Veuillez agréer, M. Le préfet, l’expression de mes sentiments respectueux,

L’Inspecteur d’ Académie

Le 23 avril 1862 la préfecture autorise l'aliénation de la maison d'école (ex-Perrot)

Le 19 juin 1862 Michel Moris décède, il était adjoint au maire et également officier de l'état-civil. Il est remplacé par Christophe Bolzer. Ce dernier est propriétaire sur Plozévet, il est né le 17 septembre 1814 et dispose de confortables revenus, estimés à 1200 francs annuels. Il était conseiller municipal depuis 1852.

Le 28 avril 1862 l'ancienne école ou maison Perrot, est mise en vente aux enchères publiques au prix de 2400 francs. La commune s'impose également à hauteur de 10 centimes additionnels au principal des 4 contributions directes pendant 4 ans à partir de 1862. Cette imposition devait produire 4462 francs environ. Ce montant sera affecté à la construction d'une maison d'école et d'un bureau de Charité. La mise aux enchères devrait être un succès car le terrain disponible est rare au bourg. Les enchères montent rapidement 2450 francs, puis, 3000, 3300, 3500, 3850, 3950, et enfin 4000 francs c'est le sieur le Bars qui remporte les enchères.

Comme on l'a vu plus haut, il avait été prévu qu'un homme charitable fasse un don de 2000 francs pour participer à la construction de la maison d'école. Cette promesse avait été faite par le recteur Clévarec au conseil municipal. Mais le recteur s'était avancé un peu vite. Le généreux donateur, entre-temps, s'était désisté. Clévarec explique son embarras au préfet.

Au 22 novembre 1862, selon M l'architecte Boyer qui supervise les travaux, le montant des travaux exécutés s'élève à 7500 francs. Il a été laissé un mètre entre la route et le bâtiment pour permettre de construire un perron permettant l'accès pour monter dans la maison.

Il faut également prévoir les meubles car ceux de l'ancienne école sont en trop mauvais état. Il est prévu que les bancs et les tables soient d'une hauteur augmentant progressivement de la 1ere à la dernière rangée.

Archives départementales Quimper 2O 1472

L'équipement de la classe est ainsi constitué :(15 12 1862)

  • 8 tables de 6 m de long chacune
  • 64 encriers en plomb incrustés dans la table
  • 4 tableaux noirs de 2m2 chacun avec peinture à trois couches
  • un poêle en fonte avec tuyaux en tôle traversant la salle

le tout pour 422,00 francs

Le 12 février 63 l'architecte Boyer annonce que les travaux touchent à leur fin. Les entrepreneurs demandent un nouvel acompte.

Dans la foulée des travaux, les religieuses de Kermaria arrivent à Plozévet. Un contrat a été signé avec elles fixant les modalités de leur arrivée. C'est le recteur Clévarec qui avance l'argent nécessaire à leur mobilier : 1000 francs. La maison des soeurs est la maison de Charité qui fait partie du bâtiment construit.

Archives de la Mairie de la commune de Plozévet

L'an mil huit cent soixante trois, le cinq mai, Nous Maire de Plozévet

Vu l'arrêté en date du 5 Mars 1863 par lequel M. le Préfet a nommé Institutrice suppléante de première classe à Plozévet la demoiselle Giffaud Marie Françoise, en religion soeur Marie de la Mésirécorde;

Vu la lettre du 30 Avril dernier par laquelle ce magistrat nous autorise à procéder à l'Installation de cette Institutrice sans l'intervention du Conseil municipal,

Déclarons que la demoiselle Giffaud Marie Françoise, en religion soeur Marie de la Mésirécorde, pourvue d'une lettre d'obédience délivrée le 2 Mars 1863, est installée dans les fonctions d'Institutrice publique à Plozévet.

Et de tout ce que dessus nous avons dressé le présent procès-verbal, les jours, mois et an que dessus.

Le maire

Pierre Julien

Dès le mois de juillet le maire, Pierre Julien, écrit au préfet Richard pour lui signaler le montant des réparations à effectuer sur la maison d'école. L'architecte Boyer a déjà contacté les entrepreneurs Le Bars et Jaffry, pour leur demander d'effectuer les travaux mal faits ou qu'ils ont négligé de faire. Dès ces travaux effectués la réception de la maison d'école sera effectuée. Pierre Julien demande au préfet s'il ne serait pas judicieux d'augmenter les impôts pour dégrever la commune le plus tôt possible.

Le 31 juillet 1863 l'architecte indique au préfet que les travaux demandés n'ont pas été exécutés. Il précise aussi que la commune devrait au plus tôt poser des persiennes sur les fenêtres de la façade ouest, sinon il sera impossible d'empêcher l'eau d'entrer. Ces persiennes avaient été ôtées du devis pour en diminuer le montant. Il estime que le montant des travaux s'élève à 14500 frs, en l'état actuel.

Le 17 novembre 1863 M Clévarec écrit au maire pour lui signaler que la maison d'école prend l'eau.

La tempête va souffler sur Plozévet en ce mois de novembre 1863. La toiture en sera endommagée, beaucoup d'ardoises manquent. Les garnis de chaux se détachent autour des fenêtres.

L'architecte Boyer se rend à Plozévet le lundi 23 novembre pour réaliser un état des lieux. Il dresse une liste des travaux à effectuer sur la maison d'école. Nous ne sommes que le 23 novembre 1863. On peut être surpris par la quantité de défauts à corriger :

Archives départementales Quimper 2O 1472

  • Réparer la toiture et refaire les garnis de chaux contre les pignons et les tuyaux de cheminée
  • Refaire les garnis de chaux à tous les croisées (*)
  • Remettre des pattes fiche aux arêtoirs des fenêtres de la cuisine et du salon des religieuses
  • Remplacer deux carreaux sur la fenêtre de l’oratoire au premier
  • Mettre une tringle au-dessus de la porte de la chambre de sœur Joseph et rapporter un chambranle autour de cette porte
  • Réparer les serrures des portes intérieures qui ne ferment pas

L'architecte insiste pour que des persiennes soient ajoutées sur les fenêtres, côté ouest. Ceci coûterait de 300 à 350 francs.

* Les étanchéités se font à la chaux, ici sur les fenêtres

En janvier 1864 le recteur Clévarec s'explique au sujet des 2000 francs qu'un homme charitable devait donner avant de se rétracter.

Le 1er février 1864 le recteur Clévarec fait part de sa satisfaction au préfet, reste à régler une note de 1000francs. Il se plaint de la passion funeste des habitants, pour la boisson.

Le 21 mars 1864 l'architecte Boyer effectue la réception définitive de la maison d'école. Selon ce dernier le maire tarde à lui répondre. On sait aujourd'hui que depuis le début de l'année les registres de l'état-civil ne sont plus remplis. A qui la faute, à Charles Deroff le secrétaire de mairie, à Pierre Julien le maire qui perd la vue, aux adjoints, au conseil municipal ? Le 18 juin 1864 l'architecte fait savoir au préfet qu'aucune délibération du conseil n'a été prise pour régler la dette liée à la construction. Mais dans l'affaire il y a, non seulement le conseil municipal, mais aussi les plus imposés qui décident lors du vote du budget. Selon Boyer se sont les plus imposés qui bloquent.

Le 13 janvier 1865 le conseil de fabrique décide de restaurer et de réhausser à ses frais le presbytère. On estime la dépense à 3548,25 francs. La fabrique peut y mettre 2000 francs et dispose d'un secours de 500 francs. Il reste à trouver 1048,25 francs. Le desservant de Plozévet, M Clévarec, pense qu'il est possible de compléter soit par une souscription volontaire soit sur ses propres deniers. Les travaux seraient exécutés par le sieur Gorgeu de Pont-Croix.

Le 10 avril 1865 le maire de Plozévet, Pierre Julien est suspendu. Il est remplacé par Guillaume le Berre de Bremphuez, adjoint depuis longtemps, qui fait office de maire. Guillaume le Berre est décrit élogieusement dans une lettre du Juge de Paix de Plogastel saint Germain qui répond à une demande du préfet en date du 9 août 1865 :

Archives départementales Quimper 2M 105

"...depuis la suspension de l'ancien maire Julien, il a administré la commune à la satisfaction de tout le monde. C'est un homme sage, d'une excellente conduite, sympathique à toute la population. Je crois qu'il ferait un bon maire. Christophe le Bolzer de Keringard rentré au conseil pourrait être maintenu comme adjoint. Un autre adjoint serait à nommer. On désirerait généralement qu'il put être pris au bourg. Or le sieur le Bail Lucien, notaire est le seul conseiller municipal du bourg. On croit qu'il pourrait épargner au maire de trop fréquents déplacements et être utile pour la police locale ... "

La suspension du maire avait été décidée tant du fait de ses problèmes de vue que du constat effectué que les registres de l'état-civil registres de l'état-civil n'avaient pas été remplis en 1863 et 1864. On se rappelle que Pierre Julien avait nommé Michel Moris officier de l'état-civil, mais que ce dernier était décédé en juin 1862. Il semblerait que le successeur de Moris n'ait pas pris le relais et que le secrétaire de mairie ait quelque peu négligé son rôle. Les registres de l'état-civil seront remis à jour par l'Administration de façon assez curieuse, comme nous le verrons plus tard. C'est sur cette note que s'arrête donc les mandats de Pierre Julien, mandats qui auront duré de 1848 à 1865. Ce fut en tout cas un maire qui apaisa les relations entre le presbytère et la mairie et qui soutint l'établissement d'une école mixte dirigée par des religieuses : petite révolution à Plozévet, les filles allaient avoir accès à l'instruction. L'école se développera au-delà des espérances du maire et du recteur.

Pierre Julien décèdera 11 ans plus tard en décembre 1876, il était veuf de Marie Strullu décédée en 1838 à 29 ans et qu'il avait épousé en 1829. Marie Strullu était une fille de l'ancien maire Allain Strullu. Ils avaient eu 4 enfants, Pierre né en 1830, Marie née en 1832, Marie-Jeanne née en 1835, Catherine née en 1837.



Jacques le Guellec 2